C'est quand tu tends ta main et que tu veux la mienne, Que je la sens fragile dans ma paume ridée, Que je me dis que l'âge, autant je m'en souvienne, N'a rien à voir chéri avec l'amour donné.
Tu es jeune, intrépide, la vie est devant toi. De peur que je ne tombe, tes petits doigts serrés, Plein de sollicitude tiennent fort mon bras : Mon coeur à cet instant est un peu chamboulé.
Tu me guides, tu m'aides, le matin quand j'ai froid : Quand tu vas rechercher, l'écharpe de mohair, Que j'avais oubliée, je sais, encore une fois.
Tu me souris, complice, et tu dis comme toujours : " Fais attention papy, il faut bien de couvrir " .... Je regarde le ciel, puis toi en contre-jour : Ta frimousse câline lâche un très gros soupir.
Nous partons tous les deux, pour une promenade, Tu marches vite je sais, mais tu règles ton pas, Sur le mien plus fragile, pour toute la ballade, Sur le chemin brumeux, et le bois par-delà .
Nous nous arrêterons le soleil déjà haut, Sur le petit muret en haut de la colline : Nous avons l'habitude d'y tester notre écho, Avant de redescendre le sentier qui chemine.
Je devine ta main, tout au creux de la mienne, Je la sens toute fraîche dans ma paume ridée : Je voudrais à l'instant que toujours elle retienne, L'amour que j'ai pour toi à jamais répété.
Cuga Esterillo
|