Pourquoi faut-il qu’elle soit toujours aussi naïve ? Que jamais elle n’apprenne ? La vie lui a donné mille occasions, pourtant. Elle aurait pu, elle aurait dû se forger. Mais c’est toujours la même histoire. L’éternelle histoire du mauvais gars, bon sous tous les angles, juste incapable de l’aimer, elle. Est-ce parce qu’elle ne vaut rien ? Peut-être qu’elle n’est pas assez fine ni ferme, peut-être pas assez blonde ou rousse, peut-être pas assez drôle ou intelligente, il doit bien y avoir quelque chose. Ah, le mauvais gars. Il y en a des bons. Oh, ça, il y en a eu, oui. Ils auraient pu faire l’affaire. L’ennui est qu’elle ne peut les aimer s’ils l’aiment. Elle a besoin du jeu, elle a besoin d’essayer, au risque d’y laisser ses plumes, à chaque fois, ça n’y manque pas. Un peu comme une drogue. Elle n’y peut rien. Leurs baisers n’ont pas la même saveur, aux mauvais gars. Leurs mains savent éveiller des sensations, que les mains des bons gars ne peuvent simplement pas faire naître. C’est comme ça. L’interdit à toujours un dangereux goût d’addiction. Ça dure quelques semaines, quelques mois, et puis, c’est la désillusion. Un jour ils ne veulent plus d’elle, parce qu’ils ont trouvé mieux, sûrement, parce qu’ils ne l’aiment pas. Comment peut-on aimer quelqu’un qui a tant besoin d’amour ? Elle fait la forte, elle en rit tout haut, elle fanfaronne. Pour mieux pleurer dans son bain, le soir, quand il n’y a personne. Elle le sait, elle, qu’elle n’est pas forte. Elle ne l’a jamais été, et si elle a tenté de s’en convaincre, à une époque, aujourd’hui elle s’est résignée à affronter la vérité. Elle a décidé de changer. Elle a décidé de se mettre au sport, de manger moins, de boire plus, de sortir, de bouger, de vivre… Sûrement jusqu’au prochain mauvais gars.
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