réponse au défi de notre ami Istenozot :
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Je sens que ma conscience refait peu à peu surface. Mon corps esquisse difficilement les premiers mouvements de la journée. Un mal de crâne à l’allure de casquette de plomb me rappelle que ma nuit ne fut pas ni sage ni réparatrice. Je n’ai aucun souvenir des événements après minuit. Je sais que j’étais en boîte avec ma copine Elise et que j’ai succombé à mon péché mignon, le Mojito. Lorsque je commence, je ne peux plus m’arrêter, je les enchaîne, et ce, jusqu’au blackout. Il n’est pas rare qu’Elise me jette dans mon lit et me laisse me dégriser tranquillement.
Une terrible soif me taraude. Ma gorge est plus sèche que le désert de Gobi. J’ouvre lentement les yeux, mes paupières grincent. Ma vision est encore trouble mais je comprends sans peine que cette chambre n’est pas la mienne. Et lorsque je constate la présence d’un individu à mes côtés, je me peux m’empêcher de pousser un cri stridulant et de sauter hors de ma couche. Je découvre un homme menotté, les poignets et les chevilles attachés aux montants du lit, une boule maintenue dans sa bouche avec une lanière de cuir. Je constate que nous sommes tous deux en tenue d’Adam et Eve, feuille de vigne en moins. Il me jette un regard apeuré,
Soudain, je suis prise d’horribles nausées qui me nouent l’estomac ; nœud plus coulant que plat, je fourre ma tête dans la première poubelle venue, faute de trouver les toilettes. C’est alors qu’un fracas résonne dans l’entrée. Deux hommes, équipés d’un gilet pare-balles et de casques sombres qui masquent leurs visages, m’attrapent sans ménagement par les bras. Une fois debout, des vomissures encore au coin des lèvres, l’un d’eux me jette un peignoir à fleurs et m’ordonne de le mettre pendant que l’autre enlève le bâillon de mon compagnon d’infortune.
Ce dernier se met à pleurer et à remercier les deux gars qui arborent le mot « POLICE » dans le dos. L’homme commence à raconter que je l’ai séduit au bar, que je l’ai ramené chez lui, qu’il m’a proposé un dernier verre et que là tout a dérapé. Je l’aurais assommé avec une poêle à frire et aurait profité de son inconscience pour ramener mon matériel sado-maso. Il se plaint d’avoir été giflé, flagellé avec le martinet qui traîne sous le lit et finalement abusé. Je suis totalement sidérée par ses descriptions. Lorsque le flic met précautionneusement l’instrument de torture dans un sachet en plastique étiqueté « preuve », ma mâchoire devient de pierre et mon cerveau se liquéfie. Comment me défendre alors que je n’ai aucun souvenir de cette nuit qui semble avoir été plus agitée que d’habitude ? Les menottes changent de mains et je suis embarquée, encore titubante, dans le panier à salade, et ce, malgré mes protestations trop molles à mon goût.
Le fourgon s’arrête et j’en suis extirpée comme une bête devant l’abattoir. Le voyage m’a apparemment dessoulée. Nous entrons dans un bâtiment vétuste où le L de « police » a disparu, laissant apparaître « poice », ne présageant rien de bon. On m’assied sur une vieille chaise de cantine en plastique orange sise au beau milieu d’une pièce aux murs blancs décrépis dont l’un est pourvu d’un miroir sans tain. Un des flics retire son casque à visière et je reconnais son visage.
– Vous êtes Benoît, le petit copain d’Elise. – Oui et alors ? D’un ton peu engageant. – Qu’est-ce que je fais ici ? – Vous êtes accusée d’agression sexuelle aggravée et de viol avec violence. – Je ne comprends rien ! – Vous lui avez imposé vos pratiques répugnantes alors qu’il n’était pas consentant. – Vous en connaissez beaucoup de mecs qui refusent une relation avec une jolie fille ? Bon, je ne me jette pas des fleurs mais je suis loin d’être répugnante. – Il n’a pourtant pas l’air d’avoir pris son pied le bonhomme. Nous allons chercher si on trouve des sécrétions vaginales sur son pénis et là , gare à vous ! Nous aurons toutes les preuves. – Mais c’est une erreur ! J’avais trop bu hier soir et je ne me souviens de rien. – La bonne excuse ! C’est un peu facile. – Je ne peux pas avoir fait tout cela. Je suis partisante des relations tout ce qu’il y a de plus classiques. Ce matériel étrange ne m’appartient pas, je ne sais pas d’où il sort. Il lui appartient peut-être ! Je vous supplie de me croire. – Il faudra expliquer cela au juge. Il n’est pas du genre clément. En plus, il est plus gang bang que martinet et boules de Geisha. – Oh mon Dieu ! Je dois encore cauchemarder. Pincez-moi ! Appelez ma copine Elise, elle vous dira que c’est impossible. – C’est parfait car elle est déjà là !
Il désigne de son doigt le miroir sans tain. Je reste un instant bouche bée avant que la porte ne s’ouvre et que ma copine s’avance vers moi. Je fonds en larmes en criant :
– Dis-leur que c’est une erreur. Je ne peux pas avoir fait cela. Tu me connais ! – Je leur ai déjà tout dit de tes excès ! – Pardon ? Tu es dans leur camp ? – Pas du tout ! J’ai toujours été dans le tien et c’est pour cela que j’ai tout orchestré.
À ce moment-là , je perds totalement pied, mon cerveau est sur « off » et ma bouche est en mode « aéroport pour mouches ». Voyant mon absence cruelle de réaction, Elise fait un signe à Benoît qui me détache les mains.
– C’est fini ! J’espère que tu as compris la leçon ? – Laquelle ? Je suis totalement perdue. Tu as su leur faire entendre raison ? Ils laissent tomber les accusations ? – Elles n’ont jamais existé. Je t’ai monté un bateau ! – Tout était bidon alors, le mec, les flics, … – Bien sûr ! Je voulais te faire prendre conscience qu’il fallait que tu cesses de te prendre des bitures. Ça va finir par t’amener vraiment des ennuis. – Je me suis pris une belle baffe. Et le gars dans la chambre ? – Un pote qui prend des cours d’art dramatique. Tu étais dans son appartement. – Il est sacrément doué. On peut lui décerner l’oscar du meilleur acteur. Et ici, c’est le commissariat ? – Non, un vieux bureau de police désaffecté. – J’ai eu la peur de ma vie. Mais, ça y est, sois rassurée, j’ai bien compris la leçon. Et pour fêter cela, Mojito ! – Pff ! Tu es incorrigible !
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