Tirant du fond des fonds de la terre, puissance,
Pour grimper jusqu'au ciel y bénir les étoiles,
La vague dans la nuit, se tend comme une toile
Invisible, dressée sur un mont de silence.

Vertigineusement elle penche en montant,
Et s'enfle en soulevant la coque des navires
Qui virent et revirent, qui tanguent ou chavirent,
Lui cédant le chemin jusques au firmament.

Les astres ont trempé dans les fonts de l'écume
Leur front d'argent bénis comme un bébé dodu,
Et brillent maintenant même à travers la brume,
Pour apporter l'espoir à ceux qui l'ont perdu.

La vague a vu de loin, sur la plage, pleurer
Les femmes des marins venues pour l'implorer.
Elle hésite un instant, et, prise de remord,
Se cambre et s'arc-boute entre les vents du nord,
Veut s'aplatir, en vain ! Continue son chemin,
A travers les rochers, à travers les marins,
Et tombe en un fracas, de sa force, tarie,
Aux pieds nus de Marie, les mains jointes, qui prie.