Ma fille (Saint Pétersbourg 4)
Assise, dans ce reposant jardin au centre de Saint Pétersbourg, devant cette immense statue, je songeais, j'imaginais cette toute jeune femme étrangère que l'on maria à Pierre III, prince stupide si il en fut, impuissant, et à la sexualité douteuse. Cette jeune fille Allemande s'est vue chargée de donner rapidement, une descendance royale à la Russie avec pour époux un sot qui fuyait son lit et complotait contre elle. Et elle fit donc, la seule chose à faire : avec l'aide de son amant elle fit enfermer puis elle fit assassiner, très probablement étranglé, son crétin de mari avant que d'être elle même, détrônée et enfermée dans quelque sombre forteresse, puis elle donna à la Russie, ce qu'elle lui demandait, c'est à dire un héritier mâle conçu avec... ? Orlov ? Poniatowski ?... Polov ? Potemkine, non bien sur lui vint plus tard. Voici bien, une intrigue de nature à satisfaire un esprit français révolutionnaire et ennemi de la royauté dominatrice. Quelle jolie leçon à propos de l'absurdité de la thèse qui voudrait accordait une certaine suprématie " au sang royal, au sang noble, au sang bleu"! A ceux qui serait tenté de ne pas trouver l' affaire très morale, je demande quelle objection peut-on faire à une jeune femme mariée contre son gré à un homme qui ne peut que mettre en danger sa vie de reine, mais aussi sa vie de femme ? Je te citerai juste, parce que ce trait d'esprit m'amuse et résume toute l' histoire, cette phrase de Germaine de Staël qui affirmait: "la Russie est un despotisme tempéré par la strangulation ». Donc, après quoi, définitivement débarrassée de ce dangereux époux, elle régna seule, de manière exclusive sous le nom de Catherine II.
Mais, vois-tu, cette immense personne fit plus encore pour la Russie, puisqu'elle se préoccupa de son peuple, ce qui n'était guère fréquent dans ces époques, elle promulgua des édits sur l'éducation, les livres et instaura l'école primaire et les établissements d'éducation dans tout le pays. Excellent ambassadrice , elle contraint les pays européens à resserrer des liens avec cette Russie regarder comme un pays peu évolué et barbare. Et enfin, cette femme, était également un foudre de guerre. Elle était avant tout un chef d'état de volonté et autoritaire, elle affirma la suprématie de son gouvernement, fit face à la révolte cosaque qu'elle réduit à néant en faisant exécuter leur chef. Puis, elle étendit son territoire en menant deux guerres contre la Turquie qui rattacha à la Russie la Crimée, et une partie du littoral de la mer noire ainsi que le Caucase. Oh! ne va pas croire, ma fille, que je sois soudain devenue une grande admiratrice des combats guerriers des conquêtes, et du sang versé, je suis toujours aussi révulsée par les violences mais, il faut se rendre à l'évidence que cette femme n'était pas une petite minette du seizième arrondissement, Cette femme était reine, et elle à su parfaitement tenir sa place, en résumé elle a su faire avec brio son job de chef d'état, dans un monde entièrement à faire, elle sut tenir son rang de contraintes qu'elle n'avait probablement pas demandé à assumer, responsabilités suprêmes pour lequel elle n'avait probablement pas postulé. Mais ces ardeurs guerrières assumées, puisqu'au temps il le fallait, elle fut aussi une femme de grande culture, et mis au premier rang la peinture, la musique, la comédie, la danse, tous les arts, y compris celui des cultures de pays environnants. Elle fut un grand mécène et ouvrit son pays aux belles lettres, amie de Diderot, elle fit l'acquisition de la bibliothèque de voltaire après le décès de celui-ci. Bon choix, me diras-tu ! L'un des meilleurs qu'il fût, à n'en point douter. Et c'est ainsi que nous retrouvons ici, des traces de notre chère France, de notre belle langue, de nos écrivains, de nos peintres, des petits bouts de notre pays qui sont toujours les bienvenus en voyage. Elle fut tournée vers les lumières de la France, avec qui elle tissa des liens étroits, avec l'Allemagne, l'Angleterre...elle fit également venir dans son merveilleux palais de l' Ermitage des troupes de théâtre française, et s'intéressa même aux mathématiques. Tu sais combien j'aime la force sans rudesse, et combien j'aime la bonté sans mollesse, si tu y ajoutes mon goût des arts, tu sais combien ce personnage est fait pour me séduire. En alliant à la force et à l'intérêt qu'elle portait à son peuple, son goût indéniable et sûr pour les talents, pour le beau en général. Pour son goût pour la beauté dont j'ai témoignage chaque jours sous les yeux, pour tous ses dons réunis elle sera toujours pour moi, une personne exceptionnelle,une bienfaitrice de ce pays, et de cette ville de Saint Pétersbourg en particulier.
Loriane Lydia Maleville
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