De la bouffe d’aujourd’hui, on pourrait en rire, Mais il y a tant de personnes qu’elle attire, Qu’elle irrite les fins gourmands, qu’elle les ennuie, A vouloir tant leur imposer ses hérésies.
Rabelais, reviens, sors de là où tu reposes, Des mets délicats, viens nous dire quelque chose !
La raison s’efface devant tous les profits Et pousse bien des gens à devenir bouffis. Ramène les êtres au bonheur d’être gourmet, De les réconcilier tous avec les banquets.
Rabelais, reviens, sors de là où tu reposes, Des mets délicats, viens nous dire quelque chose !
Permets à Bacchus de régler notre destin Et d’éloigner de nos assiettes le chagrin. Fais grandir notre appétit chaque matin, Fais des belles victuailles de nouveaux festins.
Rabelais, reviens, sors de là où tu reposes, Que devant nous, des mets savoureux, tu déposes.
Que nos tables chantent les arias des saveurs. Que les foies gras, les faisans y soient des seigneurs. Dansez, vous tous, gibiers, au milieu des convives Et que l’appel de plaisirs subtils, ils ravivent.
Rabelais, reviens, sors de là où tu reposes, Que devant nous, des vins gouleyants, tu déposes.
Oh mes divines et enchanteresses bouteilles. Vos bouquets enchantent le palais à merveille. Vins de Bourgogne, de Jura et de Touraine, Nous gagnons avec vous des joies souveraines.
Rabelais, reviens, sors de là où tu reposes, Eloigne de nous cette cuisine morose.
Ne voyez pas ces vers comme une chansonnette, Qui, à la gastronomie, veut faire des courbettes. Ils ne désirent qu’entraîner votre pensée Vers des élans gastronomiques bien placés.
Rabelais, reviens, sors de là où tu reposes, Fais de nous, de la cuisine, des virtuoses.
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