Ma fille ( Saint pétersbourg 3)
Suite 3 Ma fille,Â
je voudrais tant t'avoir, à mes côtés, ici à Saint Pétersbourg, pour te voir réjouie comme moi de ces merveilles. Sous un ciel bleu pur comme je les aime, j"ai rejoint la foule qui marche vite Sur le Nevski prospect que je suivais et où j'aime à déambuler, le nez en l'air, les yeux gourmands. Cette très large avenue est tout entière bordée de façades remarquables par leur architecture et leur beauté. Il y a une grande quantité de magasins de luxe et on pourrait croire que la compétition avec les grandes capitales de ce monde est engagée. On pourrait penser aussi, à voir se succéder les enseignes prestigieuses du luxe et de la mode, que la Russie est peuplée de personnes d'un niveau économique très élevé, ce qui serait, bien sur une bêtise, un leurre. Les magasins de grands couturiers, les banques, les grands parfumeurs, les cafés et restaurants étoilés font étal de leur chic et de leur richesse. Ils se succèdent en foule, et il est certain qu'il s'agit là , d'un endroit privilégié. Sur ce large boulevard, pour le promeneur comme moi, changer de trottoir est souvent un problème car le marcheur à pied, à l'aune de la priorité donnée aux voitures, est souvent contraint à parcourir de longue distance pour trouver un passage piétons. Tout au long de la promenade, nous passons sur de nombreux ponts qui enjambent des bras de la Néva, des canaux, des rivières qui nous rappellent que nous sommes dans le delta du fleuve et que ce sol est gorgé d'eau, eaux qui rejoignent lentement la Baltique dans le Golfe de Finlande. Sur chacun de ces ponts, un homme ou plus souvent une femme, le micro à la main, appelle le passant, le touriste, en faisant son argumentaire en russe bien sur, afin de convaincre chacun de se diriger vers les escaliers qui vont sur la rive pour rejoindre un bateau de promenade qui est accosté sur la rivière quelques mètres plus bas. Tu l'imagines, je ne comprends rien et je m'immobilise pour entendre ces accents et cette langue différente, et en essayant d'y attraper un mot connu. C'est un jeu que j'aime. Mais je passe ma route en gardant mes précieux roubles, prudente et dans l'attente de la meilleure proposition et surtout de la moins onéreuse pour ce genre d'excursion, car je crains plus que tout ces pièges à touristes. Après avoir marché plus de 3 heures, Je me suis arrêtée dans un parc aux couleurs de l'automne. Je me suis assise pour un peu de repos, sur un banc, près d'une maman et son enfant. Comme dans tous les jardins publics du monde, des pigeons se promenaient, ils ont quittés vite la pelouse pour venir à mes pieds en quête de miettes éventuelles. Face à moi le long de la grille du parc étaient appuyées deux petites babouchkas déjà couvertes de leur chapkas qui protègent leurs têtes. Elles avaient le visage tout ridé comme une vielle pomme, toutes ratatinées et courbées, elles étaient modestement habillées et vendaient des sacs de poires minuscules et biscornues, et de tous petits bouquets faits de 2 ou 3 petites fleurs oranges, offertes sans emballages. Ici les fleurs sont vendues sans papier autour et il n'est pas rare de voir un ou une passante avec une longue rose à la main, ou un bouquet nu.Â
Là dans l'herbe verte, sous les tilleuls, les érables roux et rouges, près des sapins verts, fatiguée mais heureuse, j'ai rêvé devant la statue de la grande Catherine de Russie qui a sa place d'honneur au milieu du parc. Je me disais toute l'admiration que j'ai pour cette immense reine qui succéda à Pierre le grand et continua son oeuvre. Car le destin de cette princesse Allemande, difficilement acceptée par le peuple russe parce qu'étrangère, me touche profondément. Elle fut calomniée, salit, vilipendée comme le sont presque toujours les femmes, Mais je te ferais grâce de mes sentiments sur ce chapitre qui me révolte et m'exaspère toujours autant.
A demain Loriane Lydia Maleville
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