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Nouvelles confirmées : Mémoires d'un Enfant des Ages Obscurs, suite 9 :
Publié par dominic913 le 24-04-2015 12:09:12 ( 870 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



« Nous nous sommes finalement engagés à nous rencontrer lors d'un prochain Chapitre. Puis, nous nous sommes quittés. », avait terminé Maître Anthelme. « J'étais épuisé par l'interminable journée qui venait de s'écouler. J'ai donc rallié ma chambre sans manger. Je me suis dévêtu. J'ai balancé mes vêtements sales et détrempés de sueur. Quelques uns sur le sol, quelques uns au sommet d'empilements de livres. J'ai endossé mon habit de nuit. J'ai tiré les draps de mon lit. Je me suis avachi sur mon matelas sans me soucier des cinq recueils entassés entre le pied de mon sommier et ma table de chevet. C'était la première fois depuis des mois que je manquais ce rendez-vous quotidien avec mes publications en cours de lecture. J'ai éteint, en m'avisant que le lendemain serait certainement aussi rude. Et je me suis endormi sur-le-champ. »
Le silence s'étant provisoirement installé, ma mère avait aussitôt tempêté : « Ça suffit ! J'en ai assez ! Ça fait une heure que je suis votre monologue sans pouvoir placer un mot ! Supporter vos élucubrations sans être en état de les réfuter a été un véritable supplice.
- Madame, je vous en prie…
- Madame est fatiguée de vos divagations ! J'aurai dû vous raccrocher au nez dès les prémisses de notre tête-à-tête. Une multitude de dossiers s'accumulent sur mon pupitre. Mon agenda fourmille d'engagements avec des investisseurs. Je suis débordée ! Pourtant, je préfère réagir – un peu tard, j'en conviens – aux déclarations impérieuses dont vous saturez mon avertisseur vocal depuis des semaines. Et vous, que faites-vous ? Vous me retardez avec des insanités ! Vous délirez en gratifiant Nathanÿel d'un Don que seuls ces pestiférés de Frères sont munis. Vous divaguez en m'affirmant qu'il nous en a infesté, et que c'est pour cela que mon mari et moi sommes aussi implacables et exigeants avec lui. Vous déraillez en prônant qu'il serait plus heureux avec des Novices de la Citadelle Tellurique !
- Madame, sachez que je suis vraiment désolé d'avoir bouleversé votre planning. », s'était défendu Maître Anthelme avec une once de pitié dans la voix. Mais, aveuglée par son dépit, ma mère n'avait rien remarqué. Maître Anthelme avait renchéri  : «  J'ai préjugé que les problèmes relationnels auxquels se heurte votre Nathanÿel à Notre-Dame vous préoccuperaient. J'ai supposé, en vous décrivant en détails ce dont lui et moi avons parlé, que vous réaliseriez que c'est un enfant admirable. J'ai supputé que vous appréhenderiez les talents hors du commun dont il dispose. J'ai espéré qu'en vous contant mon échange avec mon ami Elÿn, vous comprendriez que, pour lui, Notre-Dame n'est pas l'établissement le plus approprié ; qu'il n'y a qu'au sein d'une Citadelle Tellurique, qu'il s'épanouira.
Or, je constate que votre esprit est déjà trop corrompu. Vous n’êtes donc pas en mesure de demeurer objective. Vous n’intégrez pas que, si Nathanÿel est si réservé, c'est parce qu'il a les moyens d'accéder aux pensées de ceux et celles qu'il côtoie. C'est parce qu'il y surprend des images, des souvenirs, des réflexions, inavoués ou inavouables. C'est parce qu'il y détecte des réminiscences qu'on lui dissimule. Évidemment, ses camarades de classe, eux, ne se cachent pas pour lui manifester leur hostilité. Par contre, même si votre mari ou vous ne le lui signifiez pas ouvertement, il sait éperdument que vous le méprisez. Il sait aussi que vous l'accusez d’être maudit, d’être une erreur de la nature. Il sait que vous auriez aimé accoucher d'un garçon « normal », dont l'apparence n'est pas sujette à la honte et à la morgue. Il sait qu'il vous dégoûte. Il sait aussi que vous le stigmatisez parce qu'il n'est pas titulaire de tous les espoirs que vous avez mis en lui.
Vous n'avez jamais observé que Nathanÿel vous sondait mentalement ? Moi, j'ai essuyé son intrusion cérébrale une fois. C'était il y a plusieurs semaines. Il a ausculté mon âme lorsque j'ai discuté avec lui. Il a déchiré notre Réalité pour me précipiter à l'intérieur de celle proposée par le roman de Victor Hugo. Ça a été une expérience éprouvante, terrifiante. Je ne désire pas la renouveler ; en aucune manière.
Je m'interroge dès lors : comment avez-vous pu ne pas vous rendre compte que Nathanÿel, non seulement vous scrutait psychiquement, mais qu'à force d’être effleurée par son Don, celui-ci vous souillait ? ».
Ma mère avait fulminé. Ses yeux d'un bleu nimbé d'émeraude avaient été striés de fulgurances. Ses fossettes étaient devenues écarlates. Sa chevelure de feu avait instantanément pris une teinte dorée. Cette couleur ne l’enflammait que lorsqu'elle était outrée. Ses doigts avaient empoigné le combiné avec une telle virulence qu'il avait failli se briser. Si Maître Anthelme avait été en face d'elle à ce moment-là, nul doute qu'elle se serait jetée sur lui et l'aurait étranglé.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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