UNE MATINÉE D’ ÉTÉ
Le matin fond dans les draps du soleil. L’azur devient vierge et pur. L’odeur de chaleur fêtée là -bas sur la ligne d’horizon. La mer et le ciel se confondent dans des couleurs mauves. Prés d’un puits Le seau, a la gueule ouverte, la soif le guette, il est prêt à plonger dans les profondeurs noires Tendant derrière lui une longue corde vétuste, qui a vécu dans le temps, Portant de longues histoires. Le pâturage juste à côté Gonfle le pis des vaches. Déjà levées avant le début de ce chantier. L’herbe dans sa splendeur, la coiffure verte Dégage des odeurs pures de lait et de renouveau. Perdu dans le pré un bouton d’or Lève la tête suivant de son regard jaune les premières lumières aux couleurs d’une matinée chaude. Le silence sur ce monde était presque tombé Mais un coq de sa voix aigue Déchire l’air en battant des ailes. Et au bout du pâturage un timide sous-bois Cache entre les branches. Précieux ombrage frais, qui gardent ses pieds sous les feuilles pas encore mordues par le roi soleil. Le berger devant son enclot, amoureux, de sa canne tordue compte ses moutons Regardant vers la fenêtre à demie ouverte Une femme à moitié nue rêve De cette splendide nuit. L’air est inondé des arômes de café chaud Qui glisse entre les maisons encore les volets fermés. Sur la dernière marche Un enfant joue vêtu d’un pyjama avec un petit chat. les deux sentaient le lait froid. En haut du chemin un léger vent frais Pousse devant lui un nuage de poussière. Les cloches pendues au dessus de la croix Tapent leur tête contre le fer froid, Déversant de petites notes. « Lève-toi, lève-toi ! » Accompagné de l’aboiement D’un chien au ventre plat. Son écho fait trembler le village Pliant le jeune bois. Un petit oiseau sur une branche en fleur Nettoie ses ailes de son bec jaune. Attendant que les moucherons Prennent leur envol vers les rayons chauds. En bas du village un ruisseau comme un serpent mou qui de sa peau claire et froide caresse les roseaux Au passage sous leurs ombres fines. Cet immense chantier va s’essouffler Juste quand les aiguilles seront amoureuses donnant le signal aux cloches de sonner douze coups annonçant qu’il est déjà midi.
Zoran Savic
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