Dors mon enfant Dors mon enfant Je t’aime Bintou Le cœur dit tout
Le matin, le soleil est une plaie saillante Bintou se lève pour l’école, les galettes de terre sur le sol Les énormes véroles collées sur le col Depuis la naissance son destin est une étoile filante
Le crane brillant comme son avenir Sa mère crie son nom en arborant un sourire Tenant sa bassine, Elle rappelle à sa fille de ne jamais perdre ses racines Des maillons comme boucles d’oreilles engendrent un emprisonnement La mort arrive à grand pas et ses menottes l’empêchent d’entendre
Son petit frère toujours collé à la mère Cette dernière le berce le sein à l’air Elle respire la douceur malgré la misère Mais on ressent la faiblesse de ses viscères
Pendant ce temps Bintou cherche de l’or Bintou cherche de l’eau Bintou erre dehors Et la norme la prend de haut
La mère veut la nourrir Bintou ne veut pas mourir Elle a le cœur du General Pinochet Mais son horizon ne fait que des ricochets
Sa mère se vide Le poisson est acide, elle ne fait que vomir une réalité qui est à venir Les misères se sont aggravées comme le nom de son père au cimetière Cette bénigne la emportée comme la vague du petit frère
Oui ! Bintou est désormais seule Ses larmes ne font que remplir sa case Enfermée et clouée dans un monde que le vice saccage
La porte était absente Donc L’entrée de la mort a été fracassante Il n Ya jamais eu autant de mort dans le village adjacent
Noyée dans la solitude qui s’étend Elle tire les ficelles de ses chaussures pour se pendre
Pourtant c’était histoire d’une peau qui devait briller Elle devait éclairer les autres Mais pour cela elle devait griller sur le bucher Prendre le rôle du martyr et le cœur de l’apôtre
Tenant la bassine de sa mère noire, elle cherche le poison de son cœur À cause du puits on ne voit pas ses peurs À cause de la pluie on ne voit pas ses pleurs
Elle est sage comme l’agneau Elle rêve d’être un oracle mais la nuit racle sa peau Elle enchaine les prières mais son âme ne fait que sauter Sa mère porte le sceau de la mort Il n y a que la mort qui a pu la sauver
Il n y a que les sots qui rêvent de la voir crever Il n y a pas que ses seaux qui peuvent l’aider Coincée au fond du gouffre, Bintou invoque les hommes aux cerceaux sur la tête Car à cause de la famine, elle ronge sa moelle osseuse obsolète
Bintou rêve aussi de liberté d’égalité et de fraternité Elle rêve de se marier avec Marianne mais elle est encore à la maternité
Bintou a perdu sa mère, son père et son frère quel peine ! Bintou n’ait pas la peur au ventre, le bonheur viendra un jour Le cri est douloureux à la naissance car Bintou est en chacun de nous
Jules Stéphane
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