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Nouvelles confirmées : Mémoires d'un Enfant des Ages Obscurs, suite 6 :
Publié par dominic913 le 16-04-2015 12:20:00 ( 824 lectures ) Articles du même auteur



- Vraiment ? », a répondu mon interlocuteur. J'ai senti, à la fois de la réprobation et du scepticisme dans le ton de sa voix.
Elÿn appartient à l'échelon inférieur de l'Ordre administrant la Citadelle Tellurique de la ville. Pourtant, il évalue les rares individus osant s'aventurer jusqu'à son antre avec une extrême perspicacité. Discret et modéré, il ne se mêle pas de politique. Il fuit les intrigues des Postulants comme la peste. Il n'a que peu de relations avec ses Frères. Il participe rarement à des Chapitres. Il ne fréquente ni la Trouée, ni l'Université, ni les Hôtels Particuliers bordelais où se réunissent souvent ses homologues. Il n'a pas de lien avec les Citadelles Telluriques de Toulouse, de Lyon, ou de n'importe quelle autre Cité Majeure. Il n'est l'obligé d'aucun comte, duc, ou grand seigneur du royaume. Il préfère demeurer dans sa cellule, les yeux penchés sur les récits nephlÿms qu'il a entrepris de traduire en français.
« Qu'aurais-tu de si intéressant à nous enseigner que nous ne sachions déjà ? ». Il a émis un rire interrompu de violentes quintes de toux. « Tu es sûr que tu ne veux pas que je te décrypte des extraits de mythes nephlÿms pour les faire apprendre à tes gamins, plutôt… ?
- Non, non, merci. C'est gentil. C'est sur quelque chose de différent que j'aimerais avoir ton avis. Quelque chose de beaucoup plus important. Quelque chose susceptible de faire dresser l'oreille au Grand-Thaumaturge qu'est Phÿleas. Je me demande d'ailleurs comment ses Postulants que sont Alberÿc, Cÿrus, ou Octrÿen ont pu passer à coté ?
- De quoi me parle-tu, Anthelme ? A coté de quoi auraient pu passer notre Grand-Thaumaturge ou ses Postulants ? ».
Alors, j'ai relaté à Elÿn mon entretien avec votre fils », avait poursuivi Maître Anthelme. Dans l'intervalle, ma mère, de plus en plus impatiente, n'avait pu opposer qu'un « Mais... » ténu et rapidement étouffé.
Maître Anthelme avait donc déclamé : « Je lui ai confié que, depuis que je suis affecté à Notre-Dame, j'ai secrètement observé Nathanÿel. Je lui ai raconté que j'ai vite « su » que ce n'est pas un gosse comme les autres. Je le lui ai décris physiquement, lui rapportant ses particularités anatomiques. Je lui ai dépeins de quelle façon ses camarades le maintiennent à l'écart, de quelle façon ils se moquent de lui, de quelle façon ils le rudoient. Je lui ai signalé de quelle manière, vous, madame, et votre mari, jugez votre fils ; c'est à dire, comme un garnement condamné d'avance à la plus misérable des destinées. Je lui ai retracé ses moments de solitude lorsqu'il rentre chez vous et qu'il n'y a personne pour veiller sur lui. Ni pour lui faire réciter ses leçons, ni pour lui préparer à manger, ni pour lui désigner à quelle heure il faut qu'il aille se coucher. Je lui ai dévoilé pour quelle raison, le jour où je me suis efforcé de vous téléphoner inlassablement toutes les demi-heures, j'ai approché votre garçon. Je lui confessé la longue discussion que j'ai eue avec lui : sa lecture des « Misérables », son aisance à mémoriser chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe, qu'il lisait ; sa facilité à déchirer la Réalité pour la remplacer par une autre. Une Réalité divergente que seul l'esprit formé à ce genre d'exercice est capable d'appréhender. Et je lui ai narré avec quelle intensité ma pensée a matérialisée les héros du roman de Victor Hugo. Et quelles difficultés ont été les miennes pour me détacher d'eux et de leur univers.
- Je ne vous crois pas », avait hurlé ma mère. Son visage s'était figé. Ses traits, d'habitude si beaux et si délicats, avaient été déformés par la rage. Ses doigts, blancs d'exaspération, avaient agrippés son portable avec fébrilité. « Non, je ne vois crois pas », avait-elle répété hystériquement. « Et ce que… je ne sais plus...ce Frère Elÿn, alléguez-vous, vous a cru ? J'imagine que oui ! Que ne feraient pas ces inadaptés de Frères ou de Postulants de la Citadelle Tellurique pour attirer dans leurs filets des souffreteux comme Nathanÿel ?
- Quel age a-t-il? », m'a en fait interrogé Elÿn, avait opposé Maître Anthelme. « Elÿn est un Frère très sceptique de nature. Il est instruit du fait que le Don ne se manifeste que très exceptionnellement chez nos semblables. Dès lors, il a préféré abondamment me questionner sur Nathanÿel.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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