La Mort est amoureuse ! Orphée est oublié. Cela lui prit le temps d'un grain de sablier. La seconde écoulée, voilà qu'Elle s'envole, En criant de bonheur comme une vieille folle.
Un jour que je marchais, et pendue à mon bras, Souriait une enfant tout en suivant mes pas, Je vis venir au loin, la Reine des Ténèbres, Précédée de son rire et d’un gai chant funèbre. Quand elle s'approcha sur ses noirs alizés, Les yeux brillant d'Éros, le cœur dévalisé, Je fus désespéré par telle clientèle, Mais je lui demandai que pouvais-je pour elle ? - Amoureuse, est la Mort, me répondit la Mort. - J'en suis flatté, lui dis-je, mais là vous avez tort. Et noblement et fier, lui ajoute que celle Qui possède mon cœur est - cette demoiselle. Ainsi, vous le voyez mon coeur est déjà pris, Et si ce n'eût été la belle que voici, J'eusse déjà quitté mon pauvre toit de chaume Pour partir avec vous jusqu'à votre royaume. - Eh qui parle de toi ? Vaniteux insolent, Ton charme est aussi lourd que ton esprit est lent. Orphée, lui, en avait des chansons à revendre, Cela ne m'empêcha de toutes les lui rendre. Désormais je suis libre et dans mon élément : Les hommes, haïssant, j'ose aimer doublement. Ainsi, j'aime les femmes, étant une lesbienne, Et celle que je veux, mon ami, c'est la tienne.
D'un seul coup je perdis mon épouse et depuis, Trompé, veuf, je devins… vous dire… je ne puis.
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