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Poèmes confirmés : Instant
Publié par Loriane le 08-02-2020 21:10:00 ( 1690 lectures ) Articles du même auteur
Poèmes confirmés



Instant


J'ai fermé les frontières,
Taiseuse, comme l'on prie
J'ai levé mes barrières
Dans le doux rond de vie,
Sous le halo de la lampe,
Je suis venue m'abriter.

Là où l'ombre rampe
Par mes rêves éveillée
J'ai replié mes antennes
J'ai replié tout de moi
Sereine, de paix anciennes
Du haut de mon beffroi.

Au dedans de la lueur
Je vibre dans mon espace
Dans son essence sa chaleur
Attentive à la grâce
Doux arrondi, vie infinie,
Je suis dans l'Å“uf, l'ovule
Dans ma galaxie
En écoute dans ma bulle
Ailleurs luit le flot gris
Légère comme le tulle
Sans urgence, je vagis.

Je suis embryon,
Porté au gris de l'eau
Je vois venir Alcyon
Mon fabuleux oiseau
Je suis fœtus, 
Ouate douce et chaude,
Ma maison utérus
Précieuse émeraude,
Est mon salvateur sésame
Ma brillante opacité 
Qui nourrit mon âme.

Berce, endors
Mon corps
Boutés dehors
Le froid, la peur, la mort,
Emportés, disparus, m'ont quittée.
Puis les frémissements lents
Qui balancent mes pensées.
Sont mus par l'inerte vent
De ma vie sensible, aiguisée.

J'emplis mon enveloppe
Autour, l'eau ruisselle
Paradisiaque enveloppe
Mon esprit s'emmielle

Je ronronne mon abri
Mon cocon enchanté
Mon cercle ami ,
Je me suis évadée.
Je vibre, je vis
Glisse ma matière apaisée.

Au creux de mon doux logis
Au centre éternisé.
J'ai cru voir le paradis
Où je tisse et file ma vitalité.

Les bruits de mon silence
Ont tout éclairé.
Les espaces de mon absence
Ont laissé tout entrer.

Loriane Lydia Maleville

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
EXEM
Posté le: 22-03-2015 23:31  Mis à jour: 22-03-2015 23:31
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: Instant
Quand on la la chance de voir sur cet écran un poème de Loriane, il ne faut pas la lâcher. Ses écrits se font rares, même si sa voix se fait toujours entendre sur ce site merveilleux qu'elle a créé.
En preface à tous mes commentaires, j'aime toujours citer au moins deux vers qui m'ont plu, et qui ne me quitteront plus, comme un nouveau phare me Guidant sur ma route.

"Je suis embryon,
Porté au gris de l'eau"

Un jeu de mot qui représente plus qu'une finesse, car elle décrit l'image 'boueuse' de l'eau qui devient ce que l'on appelle "les eaux" avec une precision quasi géométrique.
Mais parlons du poème qui me touche particulièrement puisque, j'ai moi-même écrit sur le même sujet. De son côté Loriane a décrit, " l'instant" , y descendant jusque dans ses entrailles microscopiques. Un long instant qui defile mais qui ne laisse plus rien -après son voyage dans le temps, que l'espace d'une seconde.
Cette seconde, cet "instant", on ne sait pas s'il s'agit d'une existence entière, ou de l'entré dans une existence. Les deux ne sont-ils pas deux états de la même chose? Court. Très court. Mais infini.
Très souvent, ces rêves éveillés durent, et durent, mais le réveil est triste et ne repose que sur un instant de silence. Cet 'instant de silence' que l'on réclame pour honorer une mémoire, n'est-ce pas cette descente entre la vie et la mort que nous décrit Loriane avec une superbe simplicité.

"Le froid, la peur, la mort,
Emportés, disparus, m'ont quittée.
Puis les frémissements lents
Qui balancent mes pensées.
Sont mus par l'inerte vent
De ma vie sensible, aiguisée."


Vous pouvez tout effacer ce que je viens d'écrire. Je n'en ai pas le droit. Loriane est trop au-desus de mes compétences littéraires.
Qu'il me soit seulement permis de dire : Loriane, tu es merveilleuse. Merci pour ton poème.
Loriane
Posté le: 23-03-2015 12:28  Mis à jour: 23-03-2015 12:28
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: Instant
Merci, merci Exem, ton enthousiasme et tes éloges me confondent.
Tu le sais lorsque nous écrivons nous n'avons aucun regard sur ce que nous faisions, nous ne pouvons jamais influer sur la perception de nos lecteurs, sur l'effet de nos mots.
Sur ces " instants " de silence, sur ces rêves éveillés que j'expérimente souvent, je crois qu'il s'agit là, d'instants de méditation instinctive (sauvage) que je vis en autodidacte. Ce sont des instants de perceptions extrasensorielles, des moments de transparence où je me livre au " rien "à la vie, à la mort, où je " traverse " les murs, mais il n'y a rien de morbide ou de triste dans cette rencontre avec le vide, bien au contraire, ce sont des moments apaisants et jubilatoires, une rencontre spirituelle très enrichissante.
Si j'arrive à faire un tout petit peu partager ces sensations, vraiment je m'en réjouis.
Encore merci.
tchano
Posté le: 24-03-2015 19:07  Mis à jour: 24-03-2015 19:07
Plume d'Or
Inscrit le: 18-01-2012
De:
Contributions: 297
 Re: Instant
Il n'y aurait pas une petite place pour moi dans ton "espace-instant" pour que je m'y emmielle l'esprit et que j'y goûte à ces sensations douces et agréables?
Dis moi on y entre sans l'aide de substances douteuses?
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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