Il est bien des façons de dire que l’on a mal, Pousser une beuglante ou bien le cri primal. Il y a plus courtois que ces cris assénés, La larme silencieuse qui perle au bout du nez, Ou l’extrait de chagrin qui ne sait que se taire En mouillant le coussin dans la nuit solitaire. Il est maintes façons d’exprimer une douleur, Celle de l‘imposture, du visage menteur Qui arbore dans le jour un masque de sourire Dont la bouche est dotée d’une mécanique à dire Le futile et les bruits qui ressemblent au rire. Du leurre qui fait passer, dans l’éclat d’un fou rire, L’eau versée par les yeux pour des joies lacrymales. Il est bien des façons de dire que l‘on a mal, Donner procuration aux objets de nos muses, Pour qu’ils racontent les choses que la pudeur récuse. Il est tant de façons de pouvoir dire « j’ai mal! » De ne jamais le dire est-ce tout à fait normal? Il en est qui s’en vont, déchiquetés dedans, De n’avoir jamais pu cracher leurs mauvaises dents. Il est bien des façons de dire que l’on a mal Quand j’en aurais le temps je vous dirais mon mal.
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