Oh jours heureux qui ont empli ma tendre vie,
Que, par sa force, la tristesse a aboli,
Revenez et conduisez-moi au paradis
Des moments oubliés, colorés et fleuris.

Bien souvent, en moi, tu disperses ta semence,
Alors que le printemps du bonheur s’anime, luit.
Pour me quitter avant que l’été ne commence.
Abandonne-moi tristesse, et de mon cœur, fuis!

Tes bois épais, touffus, font vibrer mon ennui.
Ils me laissent au milieu des êtres, solitaire,
A cultiver, au bord des océans, mes mystères.
Abandonne-moi tristesse, et de mon cœur, fuis!

Parfois, sous ton soleil, tu déploies ta grand-voile,
Je suis pris alors dans les rets de tes étoiles.
Que puis-je dès lors envisager dans l’oubli
De mon énergie vitale qui a fui?

Laisse-moi t’oublier dans les rues de ma ville.
Ses beautés, ses églises, ses palais t’exilent
En une terre dont l’éloignement me réjouit.
Je te sais loin de moi et cela me ravit!

Que ces moments d’aurore aux pures étincelles,
Voient ta défaite devant toutes ces merveilles,
D’ici et d’ailleurs et y consumer tes ailes,
Frêle balancelle à la destinée mortelle.

En fait, qui es-tu donc toi qui parfois m’inonde?
Tu me laisses tes vives traces comme une onde,
Mais elles s’effacent quand la terre féconde
Ma douce quiétude, mon humeur vagabonde.

Jacques Hosotte