Aïssa promène son regard
Sur la ligne d’horizon
Et s’imagine sans cesse
Ce pays de cocagne
Pleut-il un jour sur deux
De cette manne céleste ?
Comme sur l’écran tremblant
De la télévision

Et dans d’étranges pensées
Elle progresse vers le Nord
Derrière ce mur d’onde
Qui ressemble à ses larmes
Et au-delà des pleurs
Il y a la porte d’Espagne
Tel un point magnétique
A la rose des vents
Dont elle ignore seulement
La signification

Aïssa projette son regard
Sur la ligne d’horizon
Et le Sahel avance
Pressant des dunes de sel
Sous un ciel de plomb
Et comme échappatoire
Il n’y a que les rêves
Que les pêcheurs palangrent
Aux nasses des voix d’Espagne
En messianiques visions

Aïssa questionne en son âme la ligne d’horizon
« Ô prophète Moïse ! Tu pourfendis la mer ! »
C’est que c’est Dieu possible !
Elle s’en mord la langue
Toutes ses pensées stagnent à la porte d’Espagne
Loin de la ligne de mire qui l’empêche de dormir
Tandis que la nuit tombe sur l’infini Sahel
Portant encore plus loin ses rêves d’évasion