Désidérius Saint Dizier
Ta petite main dans la mienne, Nos pas font leurs traces, Sur le blanc vierge de la plaine, Et le bleu froid nous enlace, Du vallon sombre, Les arbres engourdis, Frémissent dans l'ombre, Que la bruine transit. Le vent âpre des monts jurassiens, Nous tient, nous pétrifie, Sous son souffle draconien, Nous éprouve sans répit. Va vers l'absidiole notre pèlerinage, Au pied de l'abbaye, Lieu où gît le sarcophage, Là , Saint Dizier perdit sa vie. Derrière les maisons, les saloirs, Le clocher-porche Germain, Annonce l'oratoire, Oeuvre des mérovingiens. Entrons dans le mausolée, Dans le caveau de pierre, Funèbre et pétrifié, Dans l'obscurité polaire, Tombeau du Saint martyrisé. La crypte glacée, obscure, Sépulture de pierres gelées, Royaume de froidure, Sans ondes, de vies écrouées. L'eau meurt dans la terre, s'arrête; Se fige, dure, sous nos pieds, Notre sang d'échecs, en défaites Ne peut nous réchauffer. Nous savons les psychopompes Sinistres inhumains nous mortifier, Attendant de nous corrompre. Anges et dieux, tous en comité. Dans schéol frissonnant vont nous murer. Tous, Azrael, la Camarde, Shémal. Sous terre loin de notre astre vital, Soumis au froid fatal, Le corps que la brume nimbe Durci tel le métal, Ou, inertes dans les limbes, Dans la glace sidérale Près de Régenfroid, Squelette au lit de bois, Nous emporte vers l'état létal Royaume divin du froid.
Lydia Maleville
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