Réponse au défi :
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En ce dimanche après-midi du mois de janvier, j’ai adopté le rythme de mon chat Rodrigo et ma sieste digestive a duré plus de trois heures. Il est vrai que c’est l’hiver et ma tendance marmotte refait surface, celle-ci d’autant plus ravivée par un temps maussade qui n’invite pas à sortir de ses pénates bien chaudes. Maintenant il est près de minuit et le sommeil ne vient pas. J’ai beau appeler de mes pensées le marchand de sable et même compter les fameux moutons, rien n’y fait. Me tourner et me retourner dans le lit ne fait que raviver mon énervement et me transformer en momie saucissonnée. En effet, il me faut quelques contorsions pour m’extraire de mes couvertures. Dans la cuisine, j’ouvre le frigo en espérant trouver la solution à mon problème. Un verre de lait chaud incitera-t-il mon corps à s’engourdir en souvenir des biberons de ma prime enfance délivrés sur demande à toute heure du jour ou de la nuit. Une tisane de camomille serait plus efficace mais je n’en trouverais que chez ma voisine octogénaire. Celle-ci se mettant au lit à dix-neuf heures, je ne peux me résoudre à la tirer de son sommeil profond (la veinarde !). Quelques verres d’alcool fort serait aussi un bon remède mais je crains le retour de bâton : la gueule de bois. J’ai une petite pensée pour mon ami Serge qui est un adepte des bonnes bouteilles et qui m’a raconté un jour s’être réveillé dans la niche du chien. En sirotant mon lait surchauffé, je tripote mon GSM, passant en revue ma liste de contacts. Je n’appelle évidemment personne afin de ne pas essuyer des reproches quant à mon sans-gêne. Personnellement, je n’apprécierais pas qu’une copine me réveille en pleine nuit juste pour me dire : « Je ne parviens pas à dormir. Et toi ? ». Je tente plutôt d’envoyer des SMS, tels des petits cailloux lancés sur la fenêtre de mes destinataires. Aucune réponse. Il faut que je rajoute à ma liste d’amis un ou deux insomniaques. Je poste un message sur Facebook mais personne ne semble connecté. De site en site, je surfe sur le net et tombe sur des forums où des personnes tchattent. Je me sens soudain moins seule mais je ne peux me joindre à leurs échanges ; ce serait comme entrer dans un café vide, à l’exception d’une table et que je décide de m’asseoir à côté de parfaits inconnus. Il est déjà presque une heure trente du matin et j’erre dans l’appartement comme une âme en peine. Si Indiana cherche l’Arche perdue, moi c’est le sommeil. Un livre traîne sur ma table de salon. Une collègue me l’a prêté il y a plusieurs mois en disant qu’il fallait absolument que je le lise. C’est le moment de m’y coller puisque je n’ai, pour une fois, rien d’autre à faire. Je me cale dans le fauteuil, une couverture sur les genoux et entame ma lecture. L’histoire est haletante, ce thriller est mené de main de maître. L’auteur nous y fait suivre un tueur en série avec ses pensées perverses, son intelligence malsaine et ses pulsions morbides. Je ne peux décoller de ce bouquin tant il me tarde d’en connaître le dénouement. Lorsque je lis la dernière phrase, mon cœur bat la chamade, ma respiration est rapide et mes sens sont aux aguets. Un craquement sourd résonne dans l’appartement. Là , je cesse de respirer, les yeux écarquillés, fixés sur la porte d’entrée. Il me semble que la poignée tourne lentement. Non, ce n’est pas possible, mon imagination me joue des tours. Je papillonne des paupières pour m’assurer une vision juste. La porte s’ouvre lentement et une ombre à la forme très vague se faufile par l’embrasure. Elle avance dans ma direction, je reste figée de peur. Je distingue peu à peu un regard glacial qui me dévisage. Soudain, quelque chose me saute dessus. Là , je me redresse d’un geste brusque, Le livre glisse de mes mains et tombe à terre. Je ne peux réprimer un cri : « Rodrigo ! Tu m’as fait une peur bleue ! Vilain chat ! ». L’animal se frotte à mon bras en ronronnant avant de se coucher sur mes genoux. « Et dire que je m’étais enfin endormie… Mais tu m’as tiré d’un sacré cauchemar ! ». Déjà quatre heures du matin. Je bosse et dois me lever à sept heures. Je décide d’allumer la télé et fais défiler les chaînes. J’ai le choix entre de la vente de produits plus extraordinaires et inutiles les uns que les autres, des rediffusions d’émissions de téléréalité ou de jeux. Mon choix se porte finalement sur un magazine sur la pêche et la chasse en raison de son côté soporifique. Bien m’en a pris car Morphée s’est penché sur mon cas et son baiser m’a enfin apporté un sommeil sans cauchemar. Une sonnerie de téléphone retentit soudain dans mon rêve et une petite voix me dit que celle-ci n’est pas onirique. Je me réveille en sursaut et adresse un « Allô » très mollasse dans l’appareil.
« Alors, j’ai vu ton SMS. Tu as fini par t’endormir ? – Oui très tard. – Tu es prête ? Je passe te prendre dans cinq minutes. – Quoi ? Il est quelle heure ? – 7 heures 45 ! – Je ne suis même pas habillée. Je me dépêche. »
Juste le temps de me brosser les dents de la main droite et les cheveux de la main gauche, j’enfile les premiers vêtements venus, je fourre une banane à titre de petit déjeuner dans mon sac à main et je me précipite dans la rue où Eglantine m’attend dans sa Twingo rouge. Je m’engouffre dans la voiture et elle démarre. Je lui raconte ma nuit blanche sur le trajet du bureau. Dans le couloir qui mène à mon poste, je croise ma chef qui me lance : « Alors, on a passé une mauvaise nuit ! – Oui, comment le savez-vous ? Les cernes sous mes yeux ? – Non, plutôt les pantoufles à vos pieds ! »
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