Il n'y a nul lieu en ce monde que je chéris autant que celui où j'ai pleuré la perfection des Anges. C'est au cœur de cette nuit infâme et désespérante, là où il n'y a nulle place pour l'espoir, la passion ou la véhémence des sentiments, que j'ai aperçu cette âme mystérieuse, perdue et étrangère. Jamais je n'aurai imaginé tant de ferveur, de beauté, de rêve et de gloire révélée incarné dans un seul être qui n'a rien d'humain. Jamais je n'aurai songé à ces lendemains chantants dont elle est l'ultime, la divine représentation. Moi qui ai si longtemps vécu au sein d'une obscurité qui me hante encore quotidiennement, comment aurai-je pu deviner qu'une Merveille que je ne peux qualifier que de "Sublime et Terrifiante" soit capable de me transporter très loin d'un Univers journalier où l'on me craint, où l'on me torture, où l'on me traque sans cesse. Pourtant, durant un bref instant, c'est au sommet de cette Citadelle maudite et abandonnée, c'est derrière ses remparts éventrés encombrés de détritus où se nichent des millions de créatures noirâtres et rampantes, que s'est révélé à moi ce fragment d’Éternité auquel je ne crois pas pourtant. Dès lors, depuis, j'attends en ce lieu sinistre et dérisoire, que s'achève cette malédiction dont je suis l'ultime garant. Je parcours continuellement les cryptes et les salles désertées de toute existence depuis plus de mille ans. J'écoute le silence environnant parfois interrompu par les ricanements du vent. Et j'attends de retrouver le chemin qui m'a permis de croiser la route de cet Ange aux cheveux d'or et d'argent, à la silhouette et aux courbes magnifiques, aux yeux lumineux et hypnotisant. Et, de pouvoir l'enlacer, poser mes lèvres sur les siennes en un mouvement tendre et signifiant. Afin de pouvoir, en sa compagnie, d'atteindre enfin, les Portes d'un Paradis sidérant...
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