Armelle la singette jardinier
Armelle, qu' est ce que tu veux Mémelle ? Tu balaies les étagères d'un regard, et après réflexion, ton petit doigt désigne le melon. O.K. Pour le melon. Je coupe une tranche, tu la prends et te voici partie sur la terrasse avec. Là , assise au soleil, le derrière écrasant un géranium, ou un pétunia dix fois replanté, tu manges, et tu appelles les passants qui se promènent le long du Lez huit étages plus bas, là juste sous les fenêtres. Bon sang ! mais ou sont passés le buis et les cyclamens que j'ai plantés hier? Bon d'accord, arrachés et jetés en bas. Je me penche et je les vois, écrasés sur le trottoir, la terre explosée partout autour... Bourrique!, emmerdeuse!, viens là ! tout de suite ! Tu parles! dés mon premier regard tu as pris rapidement la tangente. Vite, vite, au abris, elle est fâchée la maniaque! Ça va chauffer, alors tu te sauves. Bien entendu, impossible de t'attraper. On joue bien toutes les deux, et cela fait si longtemps que cela dure . Tu aimes tant les petits asticots, les petits insectes, et ils se trouvent où mon bébé ? Ils se trouvent, bien sûr dans la motte, ils sont là , cachés dans les racines. C'est pas ta faute, non ! Et il faut bien les arracher pour se nourrir n'est-ce pas ? Maintenant, tu vas sur ton fauteuil encombré de tes jouets. Il y a là , la game gear et tous les trésors que tu as sorti de ton tiroir à fourbi. Il y a les montres cassées, les téléphones cassés, les chargeurs vidés, les prises démontées, les vieux flacons sans bouchons, deux quilles en plastiques trouées par tes dents, un trousseau de clefs toutes rouillées, un petit arrosoir d'enfant rouge que nous emmenons avec nous à la plage, une petite poupée plus qu'ébouriffée avec un Å“il enfoncé, des restes de calculatrices explosées, et, et encore beaucoup de trésors...toute ta collection de merveilles. Toutes les histoires qu'Eléonore a pu faire, Mon Dieu!, et parce que quoi ? Parce que tu avais « niqué » la souris de son ordinateur et "niqué" son clavier ! Et alors ? Ben évidemment, tu avais arraché quelques touches ! Que d'histoires! Ma Mémelle tu es une web master contrariée. Tu me laisses une maison réparée par tes soins: Réparé l'interphone que tu laissais pendouiller au bout de son fil, le boitier ouvert. Certaines mauvaises langues te diront qu'il est maintenant complétement HS, mais c'est juste que tu n'as pas eu le temps de le finir. Et, réparées aussi une dizaine de télés commandes, perdues les poignées de porte, et poignées de fenêtres...tout ton petit bricolage quotidien Tu fouilles dans ton amas avec énergie, en gestes vifs, rapides, tu cherches, investigatrice et curieuse, ma bricoleuse d'amour. Je braillais pour rien. je n'étais pas raisonnable, on n'arrête pas comme ça une vocation. Tu me laisses tous tes dessins sur mes papiers. Certains même avec des traces suspectes d'auréoles marrons, berk ! D'autres ont servis d'assiette pour casser tes Å“ufs. Mon bureau est couvert de tes traces, les stylos sont tous cassés. Vite tu tires, et, hop, tout est là , épars. Un petit ressort, des petits bouts de plastique, le tuyau plein d'encre, le capuchon, et un partie du corps du stylo etc ... Maman, c'est un test pour ton Q.I., allez, vas-y maintenant remonte le ! Ah, oui ! il en manque un morceau, il en manque toujours un bout ! Mémelle qu'est-ce que tu mâchonnes ? Un bout de plastique ? Et puis zut, j'en ai marre, tu me casses les pieds Mémelle... tu bousilles tout...t'as vu mon bureau ?.... on dirait une poubelle à cause de toi... et mes papiers, t'as vu mes papiers ?.... ils sont tous barbouillés, scribouillés, j'ai honte !... dégueulasse ! voilà , t'es une dégueulasse... « tut tut tut », oh ! oui ça va, maman, arrête de râler, ça sert à rien. Assise sur le lit tu regardes la télé, ta petite voix chante tes trilles comme celles d'un oiseau. Si je suis trop en colère, tu connais la parade, c'est simple, tu me tournes le dos, et tu t'en prends aux chiens, tu vas les engueuler, tu les attrapes soudainement et tu leur tires les poils. C'est fou comme ils ont l'art de m' énerver avec toutes leurs bêtises. Tout ça c'est leur faute ! Heureusement que tu es là pour mettre bon ordre dans cette pétaudière. Tu es malhonnête mon bébé. Pétaudière, ça me fait penser à ton coin, prés de la fenêtre, ton fauteuil, qui fût le mien, et juste à coté ton coffre à trésor : manettes de tous genres, nounours, téléphones cassés, un vieux socle de téléphone, un demi cheval en plastique de couleur verte et creux et qui te sert bien souvent d'assiette. La caverne d'Ali Baba est vide comparée à ton amas. Et puis, derrière les plantes vertes, accolée à la vitre de la porte fenêtre qui surplombe le Lez, plein Est, tu séjournes et officies sur la partie basse d'une table de chevet en plastique. Le dessus de cette table est occupé, par une plante, encore une ! Là , dans ton repère de verdure, en stratège tu restes invisible, mais tu voies tout, et tu manges en regardant dehors. Tu casses tes Å“ufs, tu « bouffes » tes pommes, tes carottes, tes courgettes, ton concombre, ton melon....Quand tu as fini, il faut faire venir une entreprise de nettoyage. Il y a même du jaune d'Å“uf écrasé et étalé sur la vitre, et que tu lèches, à grand coup de langue gourmand. A chacun sa manière de manger et de faire sa cuisine. Mémelle fait comme çà , et donc c'est bien. De l'autre coté de la vitre, il y a les traces de tes petites mains. Assise dans ma jardinière qui est accrochée à l'extérieur de la porte fenêtre, juste au dessus du vide, tu chasses le petit vers de terre, tu grattes, tu bêches, tu arraches mes pauvres fleurs. " Méméeellle !!" j'arrive en hurlant. Tu suspends ton geste, tu t'interroges, as-tu entendu la voix de maman ? Tu dois vérifier, attends, tu dois regarder si la maniaque arrive. Mais, de l'extérieur, le flot lumineux t'aveugle, en pleine lumière tu ne vois pas l'intérieur, alors, tu poses tes deux petites mains bien à plat, sur la vitre, tes dix petits doigts sales bien étalés et au centre, entre tes vingts doigts tu appuies ton visage, le nez bien écrasé sur la vitre, tu scrutes et plisses tes yeux pour bien voir. Wouah ! maman ! sauve qui peut, il faut échapper à l'obsédée du chiffon. Aussi quand j'arrive, tu es partie, mais sur la fenêtre récemment lavée ont voit très distinctement les empreintes de tes mains, et au milieu la trace de tes larges naseaux. Cochonne ! sale !! dégoutante, je vais être obligée de refaire les vitres, tu m'énerves, tu m'énerves trop !!! Je suis en rage, et je pétarade, assise sur ton séant au milieu de la pièce tu suces ton pouce en me regardant m'agiter dans tous les sens, tu me regardes fixement d'un air songeur : "est-ce que vraiment les humains sont la race la plus intelligente de la terre ?" "Oh! ça va Mémelle ne me regarde pas comme ça" Alors doucement, tu t'avances, tu te dresses sur tes deux jambes, tu t'accroches à ma hanche et tu te hisses d'un seul coup sur mon épaule, je sens tes bras autour de mon cou qui m'enserrent gentiment, tes petits doigts doucement d'un mouvement régulier me gratte la nuque. "Allez, calme maman, calme, c'est pas grave" Ma petite singe chérie, tu recommenceras tout à l'heure, ce soir, demain, ... mais bisous ma canaille je t'aime, je t'aime si fort ma singette, ma jolie capucine, ma cébus apella d'amour Lydia MalevilleÂ
Armelle, qui m'a quitté le jour de mon anniversaire le 14 Mars 2005. Une date que nous aurons toujours en commun. Armelle que j'aime toujours si fort. Armelle qui fait partie de moi.
LorianeLydia Maleville
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