10 février 1916
J’ai vu des soldats passer dans plusieurs maisons de ma rue. À leur départ, on entendait des pleurs. Mon oncle est passé à la maison. Il est déporté. Les allemands lui imposent de partir sur des chantiers pour prêter main forte à la pose de voies ferrées, au déchargement et chargement de wagons. Il ne sait pas combien de temps il sera parti mais espère que cette guerre se termine vite. 1er mai 1916
Le bourgmestre, Monsieur Aloïs Den Reep, a fait placarder sur l’hôtel de ville un nouvel avis interdisant le rassemblement de plus de trois personnes. Le mécontentement gronde. Les allemands nous craignent-ils tant que cela ? Le bon côté est que cela pourra peut-être limiter la propagation du typhus et de la rougeole qui sévissent en ce moment en ville.
7 octobre 1916
En attendant notre ration quotidienne au Comité de Soutien, j’ai vu les hommes décharger les sacs de farine. Comme je ne comprenais pas ce qui y était inscrit, j’ai demandé à l’un d’eux de m’éclairer. « Ce sont les américains et les canadiens qui nous envoient la farine pour que nous, les « pauvres petits belges » comme ils nous appellent, on ne meure pas de faim. ». A l’intérieur du bâtiment, j’ai vu quelques couturières découper les sacs de toile pour confectionner des vêtements. Je remercie ces bonnes âmes pour leurs dons qui nous éviteront de mourir de faim.
4 avril 1917
Aujourd’hui est un jour bien triste. Nous sommes allés à l’enterrement du petit Albert Allossery Il n’avait que neuf ans. Sa mort a ému tout le village. Il était l’aîné de sa famille. Il avait pris l’habitude de récupérer des groaches en bas du talus de chemin de fer. Les machinistes des locomotives vident les scories de leurs cendriers. Cela permet de chauffer les maisons car ils contiennent encore un peu de charbon. Un soldat allemand l’a vu, a tiré sans sommation et l’a tué sur le coup. On raconte qu’un autre soldat a assisté à la scène et a fusillé son compagnon d’arme sur place. Pauvre Albert ! Encore une victime innocente de cette sale guerre.
à suivre...
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