Que d’émotions de venir passer les vacances dans la ville de mon enfance. Ca fait plus de dix ans que je n’ai plus vu cet endroit qui me rappelle tant de souvenirs. Il faut dire que j’y suis née et que je l’ai quitté deux ans après mon mariage avec Oliver.
A peine arrivée, le premier lieu où je me rends est ce salon de coiffure. Il fait sombre et je sais qu’il sera fermé mais je ne peux attendre le lendemain pour m’y aventurer. Cette boutique peut vous sembler tout ce qu’il y a de plus banal mais elle est tellement importante à mes yeux. Je l’ai toujours connue et j’ai mis du temps à y revenir. Oliver et Maggie la gérante étaient des amis de longue date et c’est dans ce salon que j’ai rencontré mon défunt mari, mon seul et unique amour qui n’est plus. Je reste là à contempler cette vitrine et ma peine est tellement grande. Est-ce réellement une bonne idée d’être venue jusqu’ici seule en pleine nuit ? Personne ne sait que je suis ici. Les rues sont trop calmes. Je m’effondre en pleurs sur le trottoir et je perds toute notion du temps. Je me sens tellement seule. Je repense à ma rencontre avec Oliver.
Nous avions seize ans et étions encore tous les deux étudiants. J’attendais mon tour dans le salon et, quand nos regards se sont croisés, j’ai su que c’était lui, celui que j’attendais, celui avec qui je finirais ma vie. De son côté, le même déclic s’est produit et nous sommes devenus inséparables. Nous avons terminé nos études et nous nous sommes mariés. Ce fut le plus beau jour de ma vie, nous avions tout pour être heureux. Deux ans après notre mariage, nous avons décidé de quitter la ville pour nous installer à la campagne et de fonder une famille. Six mois après notre emménagement à la campagne tout a basculé. Oliver a commencé à ressentir une fatigue qui ne voulait plus le quitter. Je l’ai accompagné au fil des examens, aucun médecin n’a réussi à trouver d’où venait cet état d’abattement jusqu’au jour où il a commencé à avoir des trous de mémoires. Une tumeur au cerveau qui était en train de se généraliser est apparue à l’IRM. Ses chances de guérison étaient minimes mais il s’est battu jusqu’au bout pour me quitter six semaines après la découverte de cette tumeur.
Je suis occupée à revivre cette descente aux enfers comme si j’y étais, les larmes coulent, j’ai envie d’hurler, je me sens seule sur ce trottoir à me morfondre. Le temps passe et m’importe peu jusqu’à ce qu’une main vienne se poser sur mon épaule. Elle se trouve devant moi, c’est bien elle, Maggie tient toujours le salon de coiffure et d’un seul regard elle comprend ma peine et nous tombons dans les bras l’une de l’autre comme si le temps s’était figé.
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