Au vieux port je rêvais qu'un bateau insensible M'emmène à ce pays de plaisir et de vers ; J'irai là pour chanter les verbes de ma bible Qui viennent par erreur enchanter mon hiver.
Ô Paris ! Je verrai ton chagrin dans tes rues. Tu ne me diras rien car tout seul je saurai, Car injuste est le temps, ton cœur est ingénu, Que de toi les amours se sont bien séparées.
Et sur le toit de l'Opéra je vois le ciel : La lune y dansera sous tes accordéons, Et l'abeille ocieuse offrira tout son miel À l'étoile qui veille ivre sur l'abandon.
Je sentirai ton âme et je ne verrai rien Dans tes secrets, dans ton histoire, et dans tes rois, Je fumerai tes airs - des parfums italiens -, Dans tes amours perdues, dans tes voiles de soie.
Je ne verrai, Paris, que cette cheminée Dont la blanche fumée atteindra les hauteurs Pour veiller ivre sur tes aimables auteurs Qui chantent tous les vers que tu abandonnais.
|