Insomnie
Lorsque le ciel obscur vient faire mourir le jour La nuit s'installe, reine, sur son trône lunaire L'angoisse, fille des ténebres, m'offre son triste retour. Le silence menaçant, de son cri éphemère Jaillit de la Terre, noir faucon, noir vautour Dévorant sa proie, qui pourtant someille.
Les flammes déchaînées d'un enfer opprimé Rongent mon esprit de leur mâchoires dorées Des souvenirs opaques se fracassent dans mon âme Déferlent sur mes yeux, sur mon front fievreux Et s'échouent lamentables, dans mon coeur meurtri Ma peau endolorie, pleure.
Les fenêtres de ma pensée trépignent de râge S'obstinant, meurtrières, à ne pas se fermer Des idées vagabondes heurtent la tempête Entrainées dans les flots par un vent perpétuel Qui soulève avec peine un manteau de temps.
Des couleurs imprécises naisssent dans mes yeux Dansant, majestueuses, un tango fougueux Des gouttes de souffrance ruissèlent tout autour De ce cauchemard vivant, de ce maudit voyage Magicien féroce aux cendreuses potions
Les doux bras de Morphée violemment me rejettent Je suis prisonnier du temple de la peur Je glisse, foudroyé, sur une rivière de larmes Mon sang cogne et frappe mes veines fragiles Et brule de terreur, par un sombre éclair. Mon corps déchiré fond sur la glace D'un hiver endormi qui se réveille en moi
Un matin vaseux concluera cette nuit Je ne souhaite pourtant qu'un repos sans bruit Mais cette lente douleur, sirène cruelle Puissante et perverse, roc battu par les vagues Combat la fatigue, qui pourtant me torture Et je reste ainsi, fumant et honteux Au milieu de cet orage impétueux
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