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Accueil >> xnews >> Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 3) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 3)
Publié par couscous le 16-11-2014 13:58:08 ( 1177 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



3 novembre 1914

Les allemands ont fabriqué des cartes d’identité pour les hommes de plus de seize ans. Mon grand-père Marcel m’a montré la sienne. Il y a sa photo, son nom et son prénom mais je ne sais pas lire le reste. Je pense que c’est écrit dans leur langue. Ils ont aussi créé des livrets de travail, des permis pour le transport des marchandises. J’ai vu aujourd’hui un soldat allemand qui contrôlait un homme tirant une charrette. Le pauvre, il a dû sortir plein de papiers de ses poches avant qu’on le laisse passer.

6 décembre 1914

C’est la panique chez mon oncle Robert. C’est un coulonneux, un passionné de pigeons voyageurs. Il possède des bêtes qui ont gagné des concours. Mais les allemands ont imposé l’élimination de tous les pigeons, accusés d’être des espions en puissance. Mon oncle n’a pu conserver que quelques plumes en souvenir. Si on en avait au moins eu un à déguster pour la St Nicolas. Les années précédentes, je recevais une orange de la part de mes parents. Mais je n’en ai plus vu depuis le début de la guerre. Alors, Maman m’a fait une grosse bise en me donnant un petit bout de papier déchiré sur lequel elle a écrit « Bon pour une orange ».
Pauvre tonton, tous ses pigeons brulés, il va en faire des cauchemars. Moi, j’en fais toutes les nuits. On entend parfois les bruits de canon quand le vent vient de l’Ouest, du front qui n’est qu’à quelques kilomètres. Comme j’aimerais qu’il m’amène plutôt des nouvelles de Papa.

12 décembre 1914

Il fait extrêmement froid dans la salle de classe car l’école n’a plus de charbon. Je cache des journaux sous ma chemise pour me tenir chaud. En plus, il y a pénurie de gaz d’éclairage. Les cours commencent donc plus tard, dès que le soleil est suffisamment haut et se terminent lorsqu’il se couche. Je fais ensuite mes devoirs à la lumière de la bougie.

24 décembre 1914

Pour le réveillon de Noël, le Comité de Secours a distribué une portion supplémentaire de soupe et un pull pour les enfants. Mon estomac devrait un peu moins rugir ce soir. Je connais maintenant la vraie sensation de faim, celle qui vous tort les boyaux, vous prive de vos forces, obsède vos pensées et vous fait cauchemarder.
J’ai vu passer des gens en uniforme avec un joli chapeau à plumets, mais aucune fanfare ne les suivait. De toute façon, il n’y a plus de musiciens, appelés au front, et plus d’instruments en cuivre, réquisitionnés par l’envahisseur pour fabriquer des balles qui tueront nos propres soldats. En les voyant passer, le voisin s’est esclaffé : « Voilà la sympathique armée bourgeoise ! ». Les hommes joliment chapeautés ont jeté un regard sombre vers le moustachu qui ne sert de voisin. Je lui ai demandé de m’expliquer dès que le défilé avait passé le coin de la Rue Henri Duchâtel. Ces hommes constituent la garde civique, « Une bande de riches qui ne font que défendre leurs propres biens. Tu parles d’un civisme ! » avait-il ri.
Ce soir, nous sommes allés à la messe. Il était drôle d’entendre les classiques hymnes religieux entrecoupés par des chants patriotiques.

à suivre...

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Auteur Commentaire en débat
Marco
Posté le: 16-11-2014 17:51  Mis à jour: 16-11-2014 17:51
Plume d'Or
Inscrit le: 17-05-2014
De: 24
Contributions: 725
 Re: Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 3)

Il y a tous les ingrédients qu'il faut ; l'ambiance pesante, des petits détails qui
font la dureté de l'occupation : le manque de nourriture, de combustible ;
les fouilles, les dégradations et puis des petits salopards qui protègent leurs intérêts.


ET l'absence des êtres chers.

Malgré tout, tout le monde essaye de vivre le plus normalement possible.

Je suis le feuilleton, couscous,

bisou russe ou soviétique ?

Marco
couscous
Posté le: 16-11-2014 18:56  Mis à jour: 16-11-2014 18:56
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 3)
Ce fut le quotidien de nos grands-pères et arrières-grands-pères sous l'occupation. J'ai tenté de rendre cela aussi vivant que possible.
Merci pour ta fidélité derrière ton poste d'ordinateur.

La suite sous peu !

bise belge (on en fait 4 car on est généreux !)


Couscous
Iktomi
Posté le: 21-11-2014 18:02  Mis à jour: 21-11-2014 18:02
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 3)
Ton récit, fort bien mené, Couscous, a le mérite de nous rappeler à nous autre Français à la mémoire courte et toujours pas guéris de ce défaut de nous prendre pour le centre du monde, que nous ne sommes pas les seuls à avoir connu une Occupation.

Merci à toi.
couscous
Posté le: 21-11-2014 19:18  Mis à jour: 21-11-2014 19:18
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 3)
Les victimes furent nombreuses dans les pays d'Europe.

Merci Iktomi.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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