Hier, j'ai longuement parlé d'intolérance dans un texte qui me tenait particulièrement à cœur, parce que celui-ci relatait - très partiellement - ce que j'ai vécu durant enfance et mon adolescence. Il évoquait le début de mes "Années noires", qui se sont étendues de 1987 à 2012. Tout le long de cette période, heureusement, il y a tout de même eu des moments plus heureux que d'autres, au cours desquels j'ai pleinement profité du bonheur qui m'était accordé. Je pense notamment à cette époque où je travaillais à la Bibliothèque Nationale en tant qu'aide-bibliothécaire, et où j'y ai découvert ma voie, mon Destin diraient certains. Car avant, j'étais quelqu'un d'assez perdu, qui ne savait pas vraiment ce qu'il voulait faire de sa vie, de son avenir. Mais, après avoir pénétré en profondeur dans ce temple de la culture et de la connaissance, cela a été une révélation pour moi, et cette dernière a changé mon existence à tout jamais. Comme je l'ai indiqué dans mon texte précédent, ou d'autres plus anciens, j'avais des prédispositions à cela. En effet, depuis que je suis enfant, j'ai continuellement été entouré de livres. La lecture a toujours été une seconde nature pour moi, quelque chose sans lequel je ne pouvais vivre ou exister. M’empêcher de lire, ce serait comme m’empêcher de manger, de respirer ou de dormir. De fait, lorsque j'ai commencé à travailler, j'ai su que j'étais enfin a ma place ; que mon épanouissement personnel passait par ce lieu. Et contrairement à l'ensemble de mes collègues, qui y travaillaient par obligation ou parce que leur cursus scolaire les avait mené là , moi, je m'y suis senti chez moi ; mon environnement naturel. En outre, il se trouve qu'à la même époque - 1992 - 1995 -, j'ai commencé à m'adonner avec passion aux jeux de rôles. C'était la grande époque de ce genre d'activité ludique ; laquelle correspondait parfaitement à mon désir de développer mon imaginaire, à ma volonté d'écrire des histoires fantastiques, imaginaires, se déroulant soit dans notre monde, soit dans des mondes ressemblant à celui du Seigneur des Anneaux, entre autres. C'est donc afin d'enrichir cet imaginaire, de m'inspirer de mes lectures, des romans, nouvelles, etc. que j'ai commencé a arpenter les couloirs de la Bibliothèque Nationale pour mon propre compte. D'un autre coté, passionné d'Histoire, de Mythes, de Légendes, de Phénomènes Inexpliqués, etc., ma curiosité a été piquée au vif par l'accumulation de Savoir et de Connaissances qui m'entouraient. Et, je me suis mis à dévorer tous les ouvrages qui se trouvaient à ma portée lorsque j'avais un peu de temps devant moi, à mes moments de pause, ou entre deux activités que mes supérieurs me demandaient d'accomplir. Très vite, je suis revenu le soir, après mon travail, à la Bibliothèque Nationale, afin d'y mener mes propres investigations dans ces domaines qui m'étaient devenu cher, et qui inspiraient en permanence mon imaginaire afin d'élaborer des scénarios de jeux de rôles que je faisais jouer à mes compagnons aussi passionnés que moi par cette activité. Je dois avouer par ailleurs que, chaque week-end, je les passais à présider des séances, ou a jouer des personnages, que ce soit chez moi, ou chez d'autres habitant aux quatre coins de Paris. Généralement, ces séances débutaient le Vendredi soir, jusque vers cinq heures du matin. Parfois, je dormais une ou deux heures avant de me lever et d'aller travailler à la Bibliothèque Nationale, puisque j'avais obligation d'y travailler un Samedi par mois. Le Samedi soir, souvent, je me rendais chez d'autres personnes pour participer à d'autres séances de jeux de rôles, jusque vers quatre ou cinq heures du matin également. Je rentrais alors chez moi pour dormir jusqu'aux environs de midi, puis, de 14 heures a minuit, le Dimanche, je me rendais chez un troisième compagnon de jeux de rôles, chez qui je jouais durant tout l'après midi et jusqu'en début de soirée. Je rentrais chez moi vers minuit, et je dormais jusqu'au lendemain matin, avant de reprendre une semaine de travail à la Bibliothèque Nationale. En semaine, un jour sur deux environ, après mon travail, je revenais à la Bibliothèque Nationale en tant que lecteur et chercheur indépendant. J'y étudiais des ouvrages sur l'Histoire, la Mythologie, les Légendes, l'Occultisme, la Philosophie, les Sciences de la Vie, les Sciences de la Terre, l'Astronomie, etc. J'y restais jusque vers 23 heures, car c'était l'heure de fermeture de la Bibliothèque Nationale. Parallèlement, j'avais demandé au Conservateur de la Bibliothèque Nationale, que je croisais régulièrement dans les couloirs de celle-ci, si je pouvais m'aménager un petit coin a moi ou je pouvais poursuivre mes investigations lorsque je n'étais pas appelé par un travail d'aide bibliothécaire. Ce qu'il m'a accordé immédiatement. Dès lors, j'ai installé les livres que j'avais emprunté dans les nombreuses travées et rayonnages du lieu pour les lire, les analyser, en prendre des notes, sur une table près de l'entrée. J'y ai également installé mes feuilles de notes, mes listes de livres a lire. Et a chaque fois que j'avais un moment de libre, je m'y asseyais et je poursuivais mes études personnelles. C'est ainsi que j'ai accumulé, durant cette période, plus de 1800 pages de notes dont j'ai aujourd'hui synthétisé les deux tiers pour en faire des textes cohérents et riches d'enseignements. Ceux-ci vont de la Mythologie Égyptienne aux théories monstrueuses qui sont à la base du Nazisme, de l'énigme de l'Atlantide à celle entourant les Templiers, les Cathares, les Franc-Maçons, les Rose-Croix. Ils touchent à la Mythologie Hindoue, Maya, Aztèque, Inca, Mésopotamienne, Chinoise. Ils s’intéressent à l’Évolution de l'Homme depuis ses origines jusqu’à Croc-Magnon, de la Naissance de l'Univers aux textes hébraïques, bibliques, Coraniques, Bouddhistes, etc. Ils se penchent sur les Mythes Arthuriens, la Quête du Graal, l'Arche d'Alliance, sur le comte de Saint Germain, Cagliostro, sur les Croisades, j'en passe. Évidemment, je dois avouer que le fait de me trouver des deux cotés - aide bibliothécaire et chercheur indépendant - ne plaisait pas à la plupart de mes collègues, qui voyaient mes investigations comme une aberration. Quand on est aide bibliothécaire, pour eux, on est pas chercheur, et vice-versa. Mais je n'en n'avais cure, puisque d'un coté, j'étais activement soutenu par ma hiérarchie, et que d'un autre, il me semblait impossible de laisser inexploitée cette mine de savoirs qui m'enrichissaient chaque jour davantage, qui m'ouvraient de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives. Et plus j'approfondissais mes recherches, plus j'étais curieux d'en apprendre davantage, plus j'étais avide de pousser d'autres portes liées à la Connaissance, à la Philosophie, à l'Histoire, a la Religion, aux Civilisations du passé, etc. Par ailleurs, je me servais de ces savoirs pour écrire des scénarios de jeux de rôles originaux, a créer des histoires qui sortaient des sentiers battus, et qui avaient beaucoup de succès auprès des joueurs qui venaient a mes propres séances de jeux de rôles. C'est pour cette raison, comme je l'ai indiqué dans un texte assez ancien, que durant cette période, il m'est souvent arrivé de lire trois livres par jour. L'un durant mon temps libre alors que je travaillais à la Bibliothèque Nationale en tant qu'aide bibliothécaire ; le second, quand je revenais le soir en tant que chercheur, et le troisième chez moi, juste pour le plaisir. Je le répète, parce que c'est important pour comprendre mon cheminement personnel ultérieur, plus j'en apprenais, plus j'avais envie d'en apprendre. Et si j'ai réussi a affronter maintes épreuves de ces "Années Noires" de ma vie dans d'autres domaines, c'est parce que je me suis accroché bec et ongle à mon désir d'apprendre, de comprendre, de découvrir ces domaines de Savoir qui s'offraient chaque jour a moi, et que je parvenais partiellement a restituer au cours de mes séances de jeux de rôles. Si je n'avais pa eu cette échappatoire, mème après que j'aie quitté la Bibliothèque Nationale, je crois que j'aurai véritablement sombré dans la démence, ou que j'aurai fini par me suicider. Car, mème après avoir laissé derrière moi ce temple du savoir et de la connaissance, emporté par lancée de vouloir en apprendre chaque jour davantage sur tous ces domaines qui me passionnaient, et bien d'autres que je découvrais au fur et à mesure de mes investigations personnelles, je n'ai jamais cessé cette quête depuis. J'ai vécu tout cela alors que je sombrais de plus en plus moralement a cause de l'intolérance, de la bêtise, de la méchanceté, de la plupart des personnes qui m'entouraient alors, et qui n'acceptaient non seulement pas ma différence physique. Ma tache de naissance, mon léger handicap, était une source de rejet permanente, et a part les joueurs de jeux de rôles que je fréquentais - et encore, pas tous, loin de là - était quelque chose qu'ils ne voulaient pas. Je n'étais pas le bienvenu, j'étais isolé, rejeté. Mème dans ma propre famille, souvent, je n'avais pas le droit a la parole. Car, c'est là un paradoxe, moi qui avait une connaissance assez importante, qui était de plus en plus cultivé, passionné par divers domaines intellectuels dans lesquels l'étais a l'aise, ou j'étais chez moi, cet état de fait "faisait tache" dans ma famille. Dans un environnement ou les livres étaient tout de mème important, ou mon père était lui mème passionné d'Histoire - je crois volontiers que c'est lui qui m'a transis cette passion -, avoir des idées, une façon de voir le monde ou les gens qui différait de leurs normes était souvent considéré comme quelque chose a taire, a cacher. Il fallait rester soumis aux dogmes de ses aînés, et ne pas les remettre en question. C'est une question d'éducation, puisque mes parents se sont toujours comporté ainsi vis a vis de leurs propres parents. Mais j'en ai énormément souffert, de devoir me taire alors que j'avais tant a dire, tant a partager sur ces connaissances que j'avais acquises au fil des années. Je me sentais rejeté, humilié, nié dans ce que j'avais de plus cher, de plus précieux, de plus profond en moi. C'est toujours le cas, partiellement, aujourd'hui encore. Jusqu'au jour ou j'ai compris que je n'avais pas de raison de me taire, que j'avais ma propre personnalité, mon propre destin, qui valait autant que celui des autres. Que je pouvais être fier de mon parcours "initiatique" vers la Connaissance et la Sagesse intellectuelle. Et que me taire n'était non seulement pas la solution, mais qu'en plus, cela me faisait autant souffrir que les maltraitances, que les moqueries, que les rejets, que la violence verbale ou physique que j'avais subi précédemment. Mais qu'au contraire, cette quête était ma force, ce qui m'aidait surmonter mes difficultés, mon handicap, les épreuves que la vie ma vie m'avait imposé depuis ma plus tendre enfance. Si je détaille tout cela, qui, encore une fois, n'est qu'un autre mince fragment de tout ce que j'ai vécu jusqu’à aujourd'hui, c'est que j'ai progressivement réalisé que l'intolérance dont j'ai fait part dans mon texte précédent, est intimement liée à l'ignorance. Ce qui nous est inconnu fait peur, est capable de remettre en cause nos certitudes les plus profondément ancrées en soi. Les Connaissances, en tout cas, c'est comme cela que j'ai vécu ce cheminement - permettent d'appréhender, de comprendre, le monde qui nous entoure, de comprendre les autres, leur point de vue, leur façon de voir l'univers, et donc d’être davantage tolérant. Plus on en sait, plus on se rend compte que l'on ne sait pas grand chose. Que j'aurai aimé lire tous les ouvrages disséminés tout le long des kilomètres de travées et de couloirs de la Bibliothèque Nationale. Mais même en y ayant passé toute ma vie, cela aurait été impossible, j'en suis conscient. En même temps, ces lectures, et celles qui sont les miennes aujourd'hui encore, me font comprendre qu'il n'existe pas une seule et unique vérité universelle. Qu'il y a autant de vérités que d’êtres humains de par le monde. Que les religions, entre autres, enseignent leur vision de la vérité, du monde, de l'univers, et de la place de l'Homme au sein de celui-ci. Mais que ce n'est qu'en s'ouvrant a divers savoirs, divers points de vue, qu'il nous est possible de se forger sa propre opinion sur tous ces sujets. Et que rester arc-bouté sur ses certitudes, sur ses préjugés, alimente son ignorance, ses peurs vis a vis de ce que l'on ne connaît pas - de l'étranger, par exemple, comme on le voit si souvent avec le racisme ; de celui qui n'a pas la même religion que soi, comme on le voit avec les extrémismes de tout poils, qu'ils soient religieux, économiques, sociaux, raciaux, etc. Et qu'ils sont à la base de cette intolérance dont j'ai été la victime jadis ; et dont les cicatrices sont si profondément ancrées en moi que j'ai encore beaucoup de mal à sortir de mon antre pour aller à la rencontre des autres dans la "vraie" vie. C'est donc pour cela que je témoigne ici de cette manière, et que je le réaffirme haut et fort : l'ignorance est bien la sœur de l'intolérance...
|