Sur les vide-greniers, parfois, je sens venir Comme une nostalgie de lointains souvenirs. Ces tristes débarras me mettent mal à l'aise, Au milieu des objets pleins d'histoires, qui se taisent.
On brade les aïeux, éventant des secrets Ayant passé leur vie dans des tiroirs discrets ; Et les voir étalés sur de douteuses bâches Me laisse un goût amer qui m'attriste et me fâche.
Il portait redingote, elle, vertugadin Et posaient, ignorant leur funeste destin, Ne sachant pas qu'un jour, égarés dans les cieux, On ne les verrait plus, même en baissant les yeux.
Tant de vies étalées, en objets et dentelles, De tableaux d'amateurs, oubliés des modèles De jouets défraîchis, figés de lassitude, Qui reviendront encor mourir de solitude.
Les marchands, animés d'une fausse gaieté, Vous bradent leurs hivers et leurs plus beaux étés. Quelques sous, presque rien : ils regardent partir Un peu de leurs amours et de leurs souvenirs.
Il est, dans un vieux livre, une âme qui sommeille, Le regard d'un enfant qui lit et s'émerveille, Et l'odeur d'un bouquin, quand je l'ai effleuré, Me laisse, en m'éloignant, un parfum de regret.
En ai-je vu passer, des objets inutiles Qui n'ont jamais servi, parce que trop futiles, Qu'il nous fallait avoir, et ce, absolument, Finissant au grenier presque directement.
Lorsque le soir venu, que tout, remis en caisses, Que traîne un peu partout tout ce que l'on délaisse, Dans le coin des poubelles, semblant surmenées, On voit rôder des gens voulant tout emmener.
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