Cornemuse
Cornemuse tu m'amuses, Obèse toilée, tu t'hérisses, Cruelle tu crisses, Puis, dégonflée tu ruses, Tes tuyaux pendants mugissent, Soufflent, sifflent, rugissent Miaulent et nous usent Tu cries aigre, me dévisses. Raidie comme drisse. Aiguë comme bec de buse.
Miracle !, l'homme de vent t'inspire, te déplisse, Nataraj Shiva dans tes bras se glisse, Redressés tes pendants serpents font excuse. Musiciennes rondeurs de douceur s'esquissent. Oubliées les notes qui glapissent et gémissent. Ta mélodie gracieuse féline stimule, la vie fuse. Quadrilles et gigues, les joues rosissent, Country dancing, entrechats, de joie frémissent. Toi entraîneuse aimée, jamais ils ne te refusent. Tartans, kilts sur le bouclier de MacBeth bondissent, Brumes, châteaux en Ecosse, fantômes, et vieilles bâtisses. En chaîne ils dansent sous tes cris, joyeuse cornemuse.
Mais cornemuse je t'accuse, tu abuses. Tu les mènes au pas, les haines s'alourdissent. Ton corps hurle les menaces qui sévissent, Tu conduis aux combats, la paix est une intruse. Les airs de marches guerrières s'emplissent. En cadence avance, que l'ennemi te maudisse. Pour toi ils sortent tous des casernes, des cambuses, Charmés de ta voix s'étourdissent, s'enhardissent. Sous leurs étendards, marchent droits, obéissent. Matrice bruyante des conquérantes muses. Cornemuse dans cet emploi, jamais tu ne m'amuses.
Lydia Maleville
|