Mausolée à bout de joie !! Nouvelle Ahmed Khettaoui / Algérie
Suintant sa fluidité ,parcourant l’unique lignée du cimetière entouré d’une orgie de fleurs et de sapin ,un vieux corbeau grignote aux alentours une bouchée d’une charogne abandonnée ,déchiquetée. Soufiane guetta minutieusement tout appas parvenant de ce dernier. Le corbeau rebroussa son chemin, toussant à haute voix , reniflant la charogne à l’aide de son bec hideux quand Soufiane exclama : - Hé , toi , là-bas, viens je te parle , j’ai une bonne nouvelle pour toi et tes tiens , ne t’évade pas, je t’en supplie . - Non ,je me suis pas évadé répondit , son rival : le corbeau d’un ton impérieux ; seulement j’ai troqué une ère par une autre plus récente ,plus fréquente et plus vitale ,en grignotant mon destin . Soufianne s’accroupit devant une touffe d’herbe boueuse, mâchant une existence latente, ébranlée dans ses occurrences. - Substitue ses pensées , ses absences mystiques et mythiques, ses énoncés antiques spirituels . Il se sens frappé par un rafale de stigmates archaïques en pleine figure . Il répondit d’un ton dolent , plaintif, en murmurant :Certes qu’il fait allusion à une ère emblématique, ce corpulent corbeau , est –ce là le point nodal de nos souffrances , rétorqua Soufiane en soupirant , soulignant la certitude venant de cette mesure , cet acte décisif !! Une envolée intense médiévale lui retint son souffle égaré dans un mythe légendaire, imaginaire sous forme d’un conte prodigieux, amputé de sa mémoire collective que sa grand- mère Hadda lui avait relaté. Soufiane qui retint la trame du récit raconté par sa grand- mère , jeta un coup d’œil vers le corbeau plissé dans une arrogance menaçante comme un paon à quelques mètres de lui . Ils changèrent quelques regards fragmentaires, et quelques petits sentiments conventionnels . Le corbeau tissait les lieux d’un regard strident, frappa des ses pattes, horriblement , un tombeau poussiéreux, hanté par un attroupement de fourmis aberrantes, légendaires, crucifiées au long d’un morceau de bois baffé par un givre hivernal. Soufiane ,après avoir sollicité quelques minutes de répit, dans l’espoir d’épurer ses tendances mythiques ensevelies dans son intuition, comme s’il était narrateur , ou auteur d’une chef d’œuvre achevée à l’instant même . A toute jambes ,il regagna l’endroit , dans l’espoir de trouver ses pénates !!! Le mausolée estimé, frustré , brimé , las , lança un cri assourdissant de résurrection aux résidents du cimetière. Quelques fées , détroquant d’une voix angélique : Tout acte tendancieux soumit à la fibration humaine , révélant nos sentences , nos mœurs , nos pénitences revint à ABEL ET CAÏN ? Ne t’inquiète pas p’tit , ton père déchiqueté par une bombe , enterré dans cette tombe , repose en paix, seulement c’est le retour féroce des substances humaines, des démons ,mon cher Soufiane . Certes ce mausolée était à bout de joie , mais malheureusement le corbeau ad-hoc s’est intégré dans un mouvement associatif , ce chef intègre c’est lui qui a avalé ta germe déposée au long de la lignée ainsi que la chair déchiquetée de ton père ,en envahissant tes reflets mythiques, antiques . Soufiane ,engoué , , épris de sa chevelure , ses tresses , répliqua en douceur : j’en ai d’autres ,cette fois vibrantes , au fait - tu t’appelle comment ? - - Florence, fée du Vaste Verger, et toi ? - Soufiaine , surnommé âme Docile . Une légère brise , vaguelette , séductrice, enlaça âme Docile et Florence ,engoua les deux joues et les deux fièvres différentes . Le corbeau qui a regagné ses pénates ,lui aussi , qui avait épuré son Savoir depuis ADEL ET Caïn, applaudissait cet amour florissant , vibrant , entre ces deux anges ,à bord d’une alliance aux berges d’un mausolée à bout de joie, .Un trille céleste , épanoui cette alliance , tandis que Soufiane bondit comme un chérubin vers son Nymphe, vers son mausolée à bout d’une joie purifiée , l’âme de son père surgit de ses fonds ,signa pleinement le testament de leur choix .
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