En réponse au défi de mon cher Donald : http://www.loree-des-reves.com/module ... hp?topic_id=2741&forum=21
Les rayons du soleil matinal filtrent à travers les lames du store vénitien, illuminant des grains de poussière qui dansent au rythme d’une musique inaudible. Mon regard divague dans la pièce, le temps que les limbes de mon rêve s’effacent. Des bribes m’en reviennent : un décor de salle de classe et une sensation de vide sidéral devant une page d’examen d’anglais. Une prof à la longue silhouette sculpturale me nargue en récupérant ma feuille vierge. Elle finit par me proposer de l’embrasser afin de récupérer quelques points. Mais je suis petit et mes lèvres m’atteignent que le niveau de son plexus solaire. Elle part alors dans un rire sadique juste avant mon réveil.
J’observe mon poster géant du film « Star wars » et un sourire naît sur mes lèvres, encore engourdies. Je me suis goinfré de biscuits afin de collecter suffisamment de points pour l’obtenir. Mon foie s’est douloureusement vengé. J’en ai encore des maux de ventre rien que d’y penser.
Mon réveil affiche déjà sept heures quinze. Il est grand temps que je me lève. J’enfile mes petons dans la bouche d’Homer Simpson dont le visage orne mes pantoufles. Dans la cuisine, un bout de papier déchiré grossièrement trône sur la table : « Mon chéri, il y a un croissant dans le sachet et du jus d’oranges au frigo. À ce soir. Bisous. Maman. ». D’habitude, elle me prépare un cacao et des céréales. Bon… tant pis ! Je ne suis pas réfractaire au changement. En retirant la viennoiserie du petit sac blanc, une odeur délicieuse vient me caresser les narines, réveillant un appétit que je pensais encore endormi. J’ouvre l’armoire et parviens à attraper un verre sans me mettre sur la pointe des pieds. Il est donc vrai qu’il faut dormir pour grandir. Mes longues nuits semblent enfin porter enfin leurs fruits.
Repu, je me dirige vers la salle de bain où je me douche tout en me brossant les dents. Une fois séché, je découvre les vêtements que Maman a préparés sur la chaise : un pantalon en velours côtelé bleu marine et une chemise rayée à la Jean-Paul Gaultier. Je m’empresse de prendre la direction de ma garde-robe pour en tirer mon jean et mon T-shirt fétiches. Mais impossible de les enfiler. Maman les a sûrement lavés à nonante degrés afin de ne plus voir ces « loques », comme elle dit, sur mon dos. Je fouille l’armoire et trouve un denim qui me paraît énorme de prime abord. Après essayage, il me va comme un gant et la chemise rayée lui est parfaitement assortie.
J’empoigne mon cartable et sors en claquant la vieille porte de l’appartement. Mon geste génère un bruit sourd qui résonne dans la cage d’escalier. J’entends Rosaline, la voisine obèse, crier « Moins fort ! L’immeuble va s’effondrer !». Je lance un « désolé ! » en pensant que je ne pensais pas être aussi fort. Les vitamines que Maman me force à avaler semblent être efficaces finalement. Sur la route du lycée, je pense à la nouvelle prof d’anglais. Une grande blonde avec un sourire radieux et des yeux de biche. Je l’ai croisée hier dans les couloirs. À ma grande surprise, elle m’a adressé la parole. Elle avait des soucis avec son ordinateur et cherchait un petit génie de l’informatique. On l’avait naturellement orientée vers moi. Je la trouve rock ’n roll dans sa veste en cuir avec ses talons hauts. J’ai eu grand mal à me concentrer sur la résolution de son problème tant son parfum m’envoûtait. Lorsque son dossier est enfin sorti de l’imprimante, elle m’a adressé un clin d’œil avant de sortir de la pièce. Ah, si j’avais quelques années de plus…
J’entre dans la classe et m’affale sur une chaise. Perdu dans mes pensées, je sens toutefois le regard des autres se poser sur moi, insistant. Quoi ? Mon acné aurait-elle repris du poil de la bête ? Sébastien, l’intello du groupe s’approche de moi :
« Monsieur, vous ne donnez pas cours aujourd’hui ? »
Je le dévisage avec des yeux ronds et la réalité me revient, comme une claque dans le visage, aussi forte que celle que Maman m’a assénée le jour où j’avais mis le chat dans la machine à lessiver. Mais oui, je suis prof maintenant !
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