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Poèmes : Sans-abri
Publié par Marco le 20-09-2014 18:50:00 ( 1142 lectures ) Articles du même auteur



SANS-ABRI




Ce matin, l'air vif de l'aurore,
Réveillerait un mort !



Il est couvert de cartons et de journaux,
Pour ménager ses vieux os.
Les nuits sont glaciales
Dans cette crèche, près des halles.

De ce grand cimetière, qu'est le trottoir
Des déboires
Sans nom,
Émerge un visage rubicond,
Affiché d'yeux rougis par la vinasse,
Dominant une grande et vieille carcasse !

Encore imbibé de gnôle, dont il raffole,
Il se lève et finit une de ses fioles ;
Allumant son mégot,
Récupéré dans le métro,
Il s'adresse à La Grande Faucheuse, Reine de la délivrance :
" C' pas aujourd'hui qu' t'embarqueras Jojo la prudence !
Croix de bois, croix de fer,
J'm'ferais pas boulotter par les vers !


La mort attendra !
Mort aux rats !




Aux abris, les sans-abri !
Place aux Vivants Reconnus, estampillés GUCCI !



Eh, oui ! Il est l'heure,
De quitter cette demeure ;
Car voici, le temps des Parfaits
Imparfaits !
C'est l'heure de la transhumance,
Place à l'indifférence !


Ils ne supportent pas ces "rebuts" de la vie,
Ces gens qui ne sont même pas un point sur un "i" !



Les Parfaits Imparfaits ont envahi la rue,
L'odeur de leur riche parfum, pue !
Les Parfaits Imparfaits, ils courent, ils courent
Mais, ils sont toujours à la bourre !
Ça prend des grands airs,
Ça fait des manières,
Mais ça se gratte le derrière,
Comme ceux qui couchent par terre !
Parfois, même, ça pisse dans un coin de rue,
Sans avoir peur d'être vue !
A l'abri d'une porte cochère, ça tringle les filles de petites vertus ;
Et ils y disent : "ça ne fait pas de mal, une petite histoire de cul " !



Eh, oui !
Pour eux, c'est ça la Vie !


Ils sont comme ça, les Parfaits Imparfaits,
Ils jouent des scènes intimes aux vents mauvais ;
Ils étouffent les cris,
Et violent les interdits,
En se répandant dans les entrailles de ces ventres vacants,
Qui les consacrent, hommes tout puissants !



Ah ! La Morale des parfaits,
C'est bien le plus qu'imparfait ;
Ils sont à la recherche d'un arc-en-ciel artificiel,
Beauté superficielle !



Ils ne sont jamais satisfaits,
Les Parfaits Imparfaits,
Si bien qu'ils expérimentent tous les vices,
Tous les délices ;
Ils ont un tel besoin de ravissements démentiels,
Qu'ils goûtent à tous les plaisirs artificiels !
Ils prisent ces plaisirs clandestins
Qui illuminent, un instant, leur triste dessein !
En se mariant à ces effets décriés et interdits,
Ils pensent qu'un trait de génie
Les sacralisera Maître de poésie ;
Dans leur Monde infâme et flétrit !


Mais la poésie,
C'est convoler avec la mélancolie,
C'est épouser l'incompréhension de la vie,
C'est se noyer dans le reflet de l'indéfini.
La poésie, c'est tutoyer la folie
Vaste royaume des cris endoloris,
Vorace en vies affaiblies et perdues ;
Salle d'attente des destinées vaincues !

C'est ce sonnet d'automne,
Qui vous sentir la peur d'une vieillesse, qui sonne !
La poésie, c'est aussi cette pluie de myosotis,
Qui colore ces teints de lis
Et qui envoûte l'Amour ;
Plus je te vois plus je t'aime… mon amour !

C'est ces alexandrins
Qui chantent le clair matin,
Et qui effeuillent les fleurs,
Du bonheur ;
Femmes innocentes,
Vite indécentes !

La poésie c'est ces mots venus d'ailleurs
Qui rompent la monotonie des (de nos) heures !
La Puissance de La Poésie
C'est l'inspiration de ces magnifiques poètes maudits et incompris !





Messieurs, les parfaits, on ne déflore pas la poésie
Comme les ingénues de vos vendredis après-midi !
La poésie n'est pas pour les pauvres d'esprit
Dont vous faites parti !


Vous n'avez rien du "Passant Considérable" !
Vous êtes les "Thénardier des Misérables" !


D'ailleurs vous refusez, toujours, de regarder la misère des trottoirs
Et d'en comprendre les déboires !
Vous tenez, même, des discours lénifiants,
Pour apaiser les indigents !




JOJO ! DÉPÊCHE-TOI




Il lui faut visiter ses garde-manger,
Avant que les éboueurs soient passés.
Aujourd'hui, il est tout près,
De ses mets !
Après s'être débarrassé de quelques passagers clandestins,
Qui voyaient en lui un bon strapontin ;
Il enfile ses vieux oripeaux
Et son vieux chapeau,
Boit une longue gorgée
De sa gnôle distillée,
Pète et part en titubant,
Vers son repas du premier de l'an.


Que lui a-t-on laissé comme reste ?
Ah ben tiens ! Un bouquet et une veste !
Il va pouvoir se faire beau
Et donner ces fleurs, un peu fanées, à sa belle Margot !


Margot ! C'est la rue qui lui a apporté sur un plateau !
Alors, pas ingrat le Jojo,
Il ne quittera pas sa crèche des halles,
Même pour mille balles !





Marco

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Ermite
Posté le: 20-09-2014 19:26  Mis à jour: 20-09-2014 19:26
Plume d'Or
Inscrit le: 31-03-2014
De:
Contributions: 1652
 Re: Sans-abri
Il y a des sonorités qui me plaisent.
Des vers sur la poésie , intéressants
"La poésie, c'est tutoyer la folie"
La poésie et les mots venus d'ailleurs.
Amitiés, Louis.
Donaldo75
Posté le: 23-09-2014 18:07  Mis à jour: 23-09-2014 18:07
Plume d'Or
Inscrit le: 14-03-2014
De: Paris
Contributions: 1111
 Re: Sans-abri
Eh bien Marco, tu as mis du souffle dans ce poème, et même de l'épique.
J'aime beaucoup la façon dont tu remets à leur place les Parfaits Imparfaits et c'est si loin d'un air politiquement correct (comme si être correct et politique c'était possible) au parfum édulcoré que j'ai l'occasion de souvent lire dans des poèmes savants.
Merci pour cet instant hors du temps.
Amitiés
Donald.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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