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Nouvelles
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Sommes nous des humains ?
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Publié par
Donaldo75
le
02-09-2014 23:30:00
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Sommes nous des humains ?
Bo avait une urgente envie de pisser mais la sangle l’empêchait de bouger. Il ne pouvait pas appeler l'infirmière du fait de son bâillon et encore moins appuyer sur le bouton d'aide car il n'y en avait pas. La lumière aveuglante envahissait la pièce et lui brûlait les yeux ; d'ailleurs il ne savait plus depuis combien de temps il était là et pourquoi.
Bo tenta de se rappeler ses dernières heures ; ses souvenirs restaient confus et il avait du mal à démêler le vrai du faux, le fait de l'impression. Il visualisa, dans son esprit affaibli par la fatigue, quelques instantanés : les rues de Londres, en particulier dans le quartier des grands magasins, une troupe de clowns jongleurs, des passants amusés par ces attractions d'un autre temps, une fillette en train de crier, des policiers puis le ciel et enfin le trottoir sale et jonché de papiers jaunes. La suite de son histoire personnelle manquait, comme tout ce qui touchait à son passé ; il savait seulement qu'il s'appelait Bo et qu'il avait la vessie pleine. Il tenta de crier, à travers l'entrave de tissu autour de sa bouche mais ses cordes vocales semblaient inopérantes. Bo pleura.
La lumière baissa d'intensité ; des voix retentirent dans la pièce et Bo commença à espérer. — Je me demande bien qui a laissé le plafonnier allumé, dit une femme. Ce ne sont pas des animaux tout de même et ils ont droit à du repos et des conditions humaines. — Je veillerais à ce que cela ne se reproduise pas, docteur Miller. — J'y compte bien. Revenons à notre sujet. Comment s'appelle-t-il et où êtes vous aller le pêcher ? — Il n'avait aucun papier sur lui quand la police l'a appréhendé ; son identité reste inconnue et nous l'avons étiqueté sous le nom de John Smith. Il semble âgé d'une vingtaine d'années. — Qu'indique le rapport préliminaire ? — Selon les policiers, il a été arrêté sur Oxford Street pendant une émeute. A priori, il participait à un spectacle improvisé avec des clowns, des jongleurs et autres cracheurs de feu. — Ce n'était donc pas un émeutier ? — Non, apparemment il faisait partie d'un de ces cirques ambulants, sans chapiteau, qu'ont formé certains sans-abris pour gagner leur vie. Il n'a pas eu de chance, visiblement et a été emporté dans la masse des arrestations. — Alors qu'est-ce qu'il fout ici ? — Le rapport de nos fournisseurs indique qu'il est en excellente santé, doté d'un groupe sanguin rare et très demandé. Je pense que c'est la raison de son transfert dans notre centre.
Bo écoutait cette conversation avec intérêt ; elle ne lui indiquait pas qui il était mais au moins il était en sécurité, avec des médecins. Son inquiétude diminua. Il réfléchit au moyen de faire comprendre à ces deux femmes qu'il avait envie d'aller aux toilettes, que cela devenait urgent sinon il allait exploser sur place.
— Pourquoi est-il entravé ? — Il est écrit sur sa fiche qu'il a essayé de mordre un de nos infirmiers pendant son transfert. — Ne l'ont-ils pas neutralisé auparavant avec un gaz narcotique, comme l'exige la procédure ? — D'après ce que je lis, ils l'ont fait et il a même reçu une dose massive mais il s'est montré incroyablement résistant. Ils ont du s'y mettre à trois pour le maîtriser. — Considérons que le sujet est agressif. Je comprends mieux l'usage des différents sédatifs et antidépresseurs pour le maintenir dans un état de calme. Je constate qu'il est sous médication depuis douze heures et qu'il a été perfusé pendant la moitié de ce temps. — Qu'en faisons nous, docteur Miller ? — Légalement, nous n'avons pas le choix ; il faut attendre vingt-quatre heures et si au bout de ce délai personne n'a déclaré sa disparition, nous avons les mains libres. — Comment pourrions nous savoir puisque son identité est inconnue ? — Vous êtes sérieuse ? C'est toute la beauté du système et nos fournisseurs en profitent. Savez-vous combien d'individus errent dans les rues de Londres sans pour autant exister réellement ? — Non, je ne sais pas. Je viens d'arriver à Londres. La situation est plus simple en Écosse.
Bo décida de ne plus se retenir et laissa sa vessie prendre le pas sur sa fierté. Il sentit une douleur aiguë au niveau de son canal urinaire, comme si on lui avait enfoncé des centaines d'épingle, mais se délester de cette urgente envie de pisser lui faisait trop de bien. Ce fut à peine s'il entendit les cris des deux médecins.
— Je rêve ou il est en train de pisser au lit ? — Je crois bien que c'est ce qui se passe, docteur Miller. — Ne me dites pas qu'il est incontinent. — Ce n'est pas écrit dans son dossier. Je vérifie une seconde fois. — Faites donc. Ce serait dommage de se passer de sa vessie. Elle a l'air de bien fonctionner, au demeurant. Et le reste de sa tuyauterie aussi. — Je confirme qu'il n'a aucun problème de fuite. — Récapitulons. Qu'est ce qu'on peut récupérer sur ce sujet ? — Les poumons, le cœur, les yeux et l'appareil digestif sont en parfait état. Son sang est d'un groupe sanguin très demandé et il ne souffre d'aucune infection. — En gros, tout est bon dans le cochon, comme disait ma grand-mère. — Oui, même son dispositif génital est de très bonne facture. — C'est une excellente nouvelle. Avec la recrudescence des maladies vénériennes et autres malformations, il y a un marché en pleine croissance chez les hommes de plus de quarante ans. — Le seul bémol réside dans son cerveau ; les tests n'ont pas été poussé à fond et on ne sait pas s'il est apte. — On s'en fout de sa cervelle. On ne fait pas assez de marge sur ce produit et la technologie est trop incertaine. J'ai eu assez de procès par le passé. On la revendra à un restaurant chinois ou français. — Que décidez vous finalement, docteur Miller ? — Envoyez le au bloc ; je signerai les formulaires en sortant. — C'était le dernier de la journée, docteur Miller, est-ce que je peux rentrer chez moi ? — Faites donc. J'ai moi-même un repas avec ma belle famille à Wimbledon. Je crois qu'on a bien travaillé aujourd'hui ; nous méritons un peu de bon temps. — A demain, docteur Miller. — A demain, Vera.
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Auteur |
Commentaire en débat |
Marco |
Posté le: 03-09-2014 14:32 Mis à jour: 03-09-2014 14:32 |
Plume d'Or
Inscrit le: 17-05-2014
De: 24
Contributions: 725
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Re: Sommes nous des humains ?
Bon! Après ce sympathique récit, je ne veux plus voir une blouse blanche à mes côtés et, je ne mangerai plus que des paëllas chez Rà mon !
Donald, cette histoire est sordide, elle est bien, même très bien, mais sordide.
Je me demande s'il est possible qu'un jour cette "boucherie" soit légalisée, dire qu'elle se pratique, déjà , depuis longtemps dans les pays du quart-monde voire du tiers ; le trafic d'organes est en pleine expansion.
Ça fait froid dans le dos : ne touchez pas à ma colonne vertébrale c'est ma mère qui me l'a offerte.
Merci et bravo pour cette frayeur.
PS : Donald, j'écris un texte et j'aimerais pouvoir utiliser cette phrase :
Comme le dit Donald (je l'ai croisé, par hasard, lors d'un Shooting photo) : "Le miroir est le juge de paix".
Me donnes-tu la permission décrire cette phrase ! Merci d'avance
Marco
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Donaldo75 |
Posté le: 03-09-2014 20:27 Mis à jour: 03-09-2014 20:27 |
Plume d'Or
Inscrit le: 14-03-2014
De: Paris
Contributions: 1111
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Re: Sommes nous des humains ?
Merci Marco. Évidemment, tu peux utiliser cette phrase à ta convenance. Je retourne à mon shooting photo. Donald
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couscous |
Posté le: 07-09-2014 20:00 Mis à jour: 07-09-2014 20:00 |
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
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Re: Sommes nous des humains ?
Ta nouvelle est effrayant et me fait penser au film "Soleil Vert". Le pauvre Bo ! "Tout est bon dans le cochon" sauf sa cervelle ! J'espère que ceci n'est pas une vision futuriste qui se réalisera... J'en ai des frissons.
Merci Donald
et bon appétit !
Couscous
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