Poème inspiré par un fait réel de la vie du grand écrivain
Un triple rayon gris, naissant du crépuscule, Tombe sur sa figure où saigne la scrofule. Gogol, encore enfant, à l'effroi, disposé, Tremble d'angoisse à voir, comme un masque posé, Sur son front fiévreux, de la nuit, le visage, Tombé subitement, parce qu'il n'est pas sage. La pendule, en coups sourds, a fait sourdre les sons Qui bercent l'habitude, et calment la raison ; Dans le silence d'or, sa poitrine haletante, Et fragiles poumons, s'essoufflent dans l'attente. Il tressaille soudain ! Il vient d'entendre un bruit. Et là , tout près de lui, sous la lune qui luit, S'ouvre en catimini, l'armoire firmamente, Réfléchissant partout, son âme frissonnante. Un miaulement d'argent rompt le calme blafard, Et, petit animal, né d'un mauvais hasard, Un chaton apparaît ! Et mollement, il rampe, S'arrête, et un moment, devant l'enfant se campe. Petit Gogol a peur ! Alors, du haut des cieux, Chaste Lucine dit : « Crève-lui donc les yeux ! » Courant dans le jardin, Gogol saisit la bête, La jette dans l'étang, la lançant par la tête. Le petit animal surnage et vient nager Jusqu'à la berge. Hélas. L'enfant est enragé. De son ire, il poursuit l'innocente victime Qui lui cause tourments, parce qu'elle est sans crime ; Et qu'il veut à présent se venger de sa peur. Un coup ! Le chat se noie… Et Gogol est songeur…
|