Il fut mon premier ornement, mon premier bijou, je ne le reçus de personne, il venait de l'au-delà, du passé des femmes de ma famille, il m'avait attendu, comme dans les contes de fées, modeste, endormi au fond d'une boîte de carton à l'odeur de violettes, modeste cachette oubliée et décorée de motifs aux couleurs surannées, et je l'aimais tant ce serre-tête, !
Cette broderie faite de mille petites perles de verre translucides, aux reflets de nacre et d'un vert léger si tendre et doux, parmi lesquelles étaient semées ici et là de légères touches de pétale rose pâle, qui dessinaient une tresse de fleurs et de feuilles minuscules, entrelacées avec bonheur.
Je me sentais belle lorsque je le plaçais dans ma longue chevelure rousse de toute jeune fille, et, que m'importait alors qu'il fût fait de perles semblables à celles, si souvent violet et noir, qui s'enroulaient en couronnes autour des croix de fer forgé sculpté, arbres de fer érigés sur les sépultures de mes grands-mères et grands-pères, au cimetière du village, eux qui reposaient dans la terre rouge du sud, sous l'ombre des ifs et des sapinettes..
Ce bandeau de beauté, m'était précieux.
A mes yeux il était joyau et oeuvre d'art, il parait de grâce ma vie naissante et je jubilais à voir, au dessus du marbre blanc de la table de toilette, mon visage ainsi coiffé de cette parure se refléter dans le vieux miroir, accroché au mur et encadré de tige de bois de buis qui formaient quatre croix aux quatre angles, mon image était troublée par les tâches du tain disparu par endroit, sans que jamais ces imperfections ne détruisissent le plaisir que j'avais à découvrir mon reflet, car j'allais à la découverte de moi.
J'avais treize ans, le coeur vibrant de promesses, d'émotions et si fière d'avoir le privilège d'être une femme.
Parée de cette couronne de mariage, j'épousais la vie

Loriane Lydia Maleville .