Cela fait quelques mois que la date fatidique est fixée, par les autres bien sûr, je n’ai pas eu mon mot à dire : ce sera le vingt-six juillet. Choisir un beau jour d’été reste une bonne idée. Le soleil devrait briller et cela me donnera du courage.
Depuis lors, je me suis préparée. Mes amies m’ont aidée à choisir mes vêtements pour l’occasion : une magnifique robe-panier aux multiples volants vaporeux en fine dentelle de Bruges. Elles m’ont soutenue, aidée à accepter la réalité, surtout ma cousine Marie-Charlotte.
J’ai osé lui confier mes appréhensions, ma crainte de ne pas être à la hauteur. Je ne suis âgée que de dix-sept ans. Certains me qualifient d’adolescente et d’autres voient en moi déjà une femme. Les jours s’égrènent inéluctablement. Il m’arrive de me réveiller en pleurs, ne sachant pas ce que sera mon avenir, pour peu que j’en aie un. Pourtant d’autres avant moi sont passées par là . C’est une obligation, un cap à passer.
La jeune fille que je suis vit ses derniers jours, bientôt elle ne sera plus. Je dois m’y résoudre. Je jette un coup d’œil mélancolique à mes poupées de chiffon. Ce soir est mon ultime soir et mon esprit est tourmenté. Demain, je deviendrai une femme mariée, avec toutes les obligations qui en découlent. Je perdrai ma virginité, offerte à cet homme que ma famille m’impose. C’est ainsi lorsqu’on est fille de bourgeois.
|