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Poèmes : Tunis
Publié par Khaled le 05-07-2014 14:50:00 ( 900 lectures ) Articles du même auteur



- I -

Dans la grande avenue le silence gouverne.
Étranges dans ces rues qui ne sont point les nôtres,
Nous mourrons dans l'oubli les uns après les autres,
Par l'air indifférent : la misère moderne.

J'ignore si j'étais aux coins d'un cimetière :
L'Art qui fait les élans est un rêve éphémère
Dans les pâles regards, fades, tristes, bizarres,
Et la vie est la scène où l'infernal hasard
A eu les âmes par cet ennui scandaleux,
Comme la nuit a eu la bonté du ciel bleu ;

Aucune âme n'aspire à quelques amours vives,
Une foule perdue dans les yeux d'un poète
Qui se plaint de cette misère collective ;
De ces gens maigres et éternellement tristes
Fumant dans les cafés les pauvres cigarettes,
Ceux qui d'un seul accord se croient des guitaristes,
Et ceux qui créent des maux pour en faire une histoire
Pour nous la raconter, fausse mais vraisemblable
Donnant l'illusion qu'elle nous est semblable ;



- II -

Et comme le soleil qui se décline au soir,
Quelques uns disent qu'ils aiment bien la nature :
Ceux qui peuvent prétendre un don pour la peinture
Iront certainement s'isoler aux maisons,
Sans pudeur, ils mêlent ceci à la raison :
L'artiste est l'être libre et tout le justifie !
Le peintre ; c'est l'homme qui de soi se méfie.

Et puis le vrai problème est tous ces faux chanteurs,
Le son est incongru dans l'expression qui meurt.

Et de ceux, comme moi, aux habits bien usés
Qui se veulent rêveurs, penseurs dignes, amants,
Entre les plis affreux du gilet non-chalent,
J'ai caché le malheur de mon âme abusée.

Les aveugles désirent un Tunis intime,
Ces aveugles ont vu l'injuste et la victime,
Ceux qui ont tout perdu pour que l'humble jeunesse

Jouit de l'art.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
emma
Posté le: 08-07-2014 20:27  Mis à jour: 08-07-2014 20:27
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: Tunis
Bonjour Khaled,

Je sens dans ton poème une véritable authenticité. Certains vers m'interpelle simplement. On ne sait s'il s'agit de lieu commun et parole profonde, comme :
"Et puis le vrai problème est tous ces faux chanteurs"

Par contre, cette recherche excessive de la rime nuit à mon avis, à forme de ce poème.
(mais ce n'est qu'un avis ! )
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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