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Poèmes : Maudite sirène
Publié par Marco le 05-07-2014 14:10:00 ( 1067 lectures ) Articles du même auteur



Maudite sirène



Dés les premières lueurs du jour
Une symphonie de sons enchante l'aurore de mes matins ;
Cela commence par le craquement du plancher, sous le poids d'un corps robuste,
Suivi du frottement d'une lourde chemise de bure
Sur un torse velu, où tant de fois des cris se sont perdus,
Puis vient le bruissement d'un pantalon,
Rendu perceptible par la boucle du ceinturon
Tapant le bord d'une chaise, paillée, près d'un lit.

Mais, un bruit manque à ce rituel ! Ah ! J'en étais sûr !
Je perçois, à présent, des pieds glisser avec force
Dans le cuir de bottes souillés par le temps,
Et je discerne, même, le tapotement sur l'oreiller,
Passerelle des chimères à la réalité.

Chaque minute écoulée, depuis l'aube,
Me font comprendre à quel point je tiens à ce récital
Et me révèle l'amour que j'éprouve pour ce chef d'orchestre, qu'est mon père !
Le point d'orgue de cette scène, matinale,
C'est son baiser, plein de tendresse, signe de son départ, à la mine.

Ces vingt minutes d'ivresse, de pur bonheur,
Sont le prélude de quinze heures d'angoisse ;
A chaque instant, vous priez le ciel
Pour ne pas entendre le son, continuel,
De cette maudite sirène, plantée là, au milieu des corons.
Mais, lorsque cette heure fatidique arrive,
Elle résonne dans le village tel un verdict, sans remise de peine !
Elle annonce un coup de grisou,
Avec la mort comme seul rendez-vous ;
L'être déchiré, que vous êtes, s'agenouille devant tant d'injustice,
La douleur que vous extirpent les abysses de cette mine, monochrome,
N'ont à ce jour, jamais eu d'égal !




Chaque minute que vous avez vécue se grave dans votre cœur !
La misère s'efface et les malentendus disparaissent,
Immédiatement, face cette désolation ;
Et c'est sans réserve que vos larmes inondent
Ces Quartiers si souvent meurtris !


Mais la force est toujours présente dans les familles aux durs labeurs,
Alors d'une main tremblante vous essuyez vos larmes
En caressant l'espoir de revoir quelques "gueules noires",
Vainqueurs de ces sombres puits, source du pain quotidien !








Marco
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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