Tout est arrivé si vite. J’ai couru droit devant moi le plus rapidement possible, comme d’habitude, et… le choc ! Terrible, violent, soudain, pas le temps de comprendre ce qui se passe. Juste un gouffre qui m’avale tout cru et une sensation de vide autour de moi. Et ma chérie qui m’attend. Elle va s’inquiéter. En plus, je venais de faire les provisions. Nous sommes très prévoyants dans la famille. Les fameux survivalistes n’ont rien inventé. Notre petit nid d’amour est comble, de quoi tenir plusieurs mois ; normal, on va bientôt être parents.
Soudain, de grosses lumières éblouissantes apparaissent au loin et s’approche dangereusement de moi à une vitesse folle. Incapable de m’enfuir, je me mets en boule et ferme les yeux. La sensation d’un souffle brutal qui ne parvient toutefois pas à m’emporter et le monstre s’éloigne. Je ne peux rien faire, je suis comme immobilisé par la peur et tout reste assez flou autour de moi. Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé. C’est maintenant un défilé de ces lumières aveuglantes qui passent au-dessus de moi, sans s’arrêter. Je sais que ce n’est pas douloureux et finis par ne plus m’en préoccuper.
Enfin le soleil monte à l’horizon, j’ai grand espoir qu’il m’éclaire un peu sur ma situation. J’observe autour de moi. Je vois l’autre côté de la route duquel je me suis élancé. Je refais le trajet visuellement et comprends tout lorsque mon regard se pose sur moi, du moins ce qu’il en reste. Mes entrailles sont répandues sur plusieurs mètres d’asphalte et mon sang colore de rouge le morceau de bitume qui me servira de sépulture. Si ma chérie passe par ici, elle comprendra la raison de mon absence. Mon corps n’est plus que celui d’un écureuil roux écrasé sur une route de campagne, des glands entre les pattes avant.
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