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Nouvelles : Faut pas contrarier les fous !
Publié par Donaldo75 le 06-06-2014 10:43:43 ( 906 lectures ) Articles du même auteur



Faut pas contrarier les fous !


Mademoiselle Martinot rentra dans la classe, salua ses trente sept élèves d’une belle révérence et entama son étrange chorégraphie. Une chanson de gestes sans paroles ni musique, entre le no japonais et le mime Marceau. Elle sautillait sur l’estrade, lançait des craies en l’air, tordait les quelques éponges qu’il restait au tableau.

Corentin se retint de rire. Il regarda à droite et à gauche pour savoir si ses camarades de classe le prenaient aussi bien. Apparemment personne ne semblait perturbé par ce spectacle improvisé. Pourtant c’était la Martinot qui dansait là comme une folle. Elle, le professeur de mathématiques si dure avec ses élèves, la fanatique de Pythagore, l’ayatollah du théorème. Il chercha Marjorie du regard, dans un dernier espoir de ne pas être le seul à trouver la situation bizarre. Sa dulcinée, la fille de ses rêves, celle qu’il avait embrassé la semaine dernière près du hangar à vélos, assistait à la scène les yeux écarquillés comme si aucun moment de ce théâtre magique ne devait lui échapper. Corentin se sentit incompris tout à coup. Une fois de plus.

Pendant ce temps, la danse évoluait. Mademoiselle Martinot attaquait la phase d’arts martiaux sans kimono ni tatami, levant la jambe comme une septième dan, projetant ses bras en avant sur un ennemi invisible, toujours dans un silence de cathédrale. Elle ne transpirait pas une goutte. Froide comme un acier nippon, concentrée dans ses Jeux Olympiques.

Corentin se demanda s’il fallait intervenir, la sortir de ce délire tout en lui permettant de sauver la face. Mais comment réussir sur tous les plans ? Elle paraissait sacrément forte en karaté et ce n’est pas à quatorze ans que vous pouvez maitriser une combattante de cet acabit. Et puis, même s’il parvenait à prendre le contrôle de cette femme trentenaire, il savait qu’elle en serait humiliée devant une classe entière, ses petites victimes douze heures par semaine. Il scruta de nouveau l’horizon. Personne ne semblait en mesure de l’aider. Même pas le bedonnant Raymond, le cancre de service. Celui qui passait son temps à se gratter le nez au fond de la classe, à embêter la divine Marjorie, à balancer de l’encre sur les autres élèves. Et oui, ce gros débile, ce rebut de la scolarité, regardait comme les autres, la Martinot enchainer les figures de style dans son haka si compliqué. Corentin se sentit lâche, une fois de plus. Il n’était pas un héros.

Cinquante minutes plus tard la cloche militaire avait sonné le rappel aux élèves si bien conditionnés de ce collège de province. Ils rangèrent leurs règles et leurs cahiers, se levèrent comme une seule armée et dirigèrent leurs pas vers la salle 512. Il ne fallait pas arriver en retard dans le cours de géographie de monsieur Dupeyron ! Cet exode massif n’interrompit en rien la mathématicienne transformée en ninja. Elle continua sa danse dans un silence feutré.

Corentin l’apprit par sa mère. Son professeur de mathématiques avait posé un congé maladie à durée indéterminée. Telle était la version officielle. Un remplaçant arriverait dès la semaine suivante et reprendrait le programme où elle l’avait laissé. « Triste affaire ! » répétait sa mère qui était bien contente que son fils ne soit pas intervenu plus avant lors de cet épisode.

Le lundi suivant monsieur Dupeyron entama à son tour une gigue endiablée avec son planisphère comme ballon de jongleur et sa règle métallique en guise de conducteur.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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