À chaque seconde….
À chaque seconde qui s’écoule, qui se noie, qui se dilue dans l’incommensurable, qu’est le temps, je me meurs un peu plus dans l'instant. Je porte un regard serein sur cette vie qui s’enfuit seconde après seconde. C'est sans aucun doute une des mélancolies les plus douces que je connaisse, une harmonie des plus subtiles, alliant l’enchantement et le désappointement avec virtuosité, si bien que l’importance de la vie atteint le paroxysme de l’inexplicable ; sachant déjà que par l’existence de le mort, celle-ci est qualifiée d’éternelle pour annihiler notre terreur du néant.
L’envol de ces secondes n’est rien d’autre qu’une lamelle de vie qui se désolidarise du temps qui vous est imparti. Suivant les individus et les aléas de leurs vécus, la perte de ces instants est souhaitée voire bénie ; avec le temps, va, tout s’en va ! Ces moments qui s'effacent sont me semble-t-il, pour une majorité d'entre nous, regrettés ; ah ! Nostalgie quand tu nous tiens !
Et puis, il y a ceux qui veulent poinçonner de leurs sceaux le temps, comme un Maître horloger estampille un chef d’œuvre d’horlogerie. Ils ont la suffisance de dire que nous devrions laisser une empreinte indélébile de notre passage sur terre, quel qu'en soit le prix, ce que nous faisons le plus souvent de façon saugrenue, inutile et surtout d’une inhumanité monstrueuse ; c’est notre touche d’élégance funeste.
Cette mauvaise habitude de vivre en étant aveugle, autant des yeux que du cœur, nous colle à la peau depuis que le monde est monde. Non désabusé, mais stupéfait, le temps est le témoin silencieux de nos nombreuses violations ! Nous sommes des trous du cul de nombrilistes !
(Il serait sage, ou tout du moins intelligent, qu'aujourd'hui nous prenions soin des uns des autres ; mais serons-nous assez éclairés pour nous épauler ? J'en doute ! Car il y a très longtemps un homme a tenu à nous parler de fraternité. Un de ses commandements était : " Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.". Nous l'avons tant aimé que nous l'avons cloué sur une pièce de bois ; cela est, et restera la plus grande tragédie de ce monde. Certains de ses adeptes subirent le même sort, d'autres finirent dans les arènes ou sous la torture et… mais fermons cette triste parenthèse.).
Émerveillons-nous devant cette nature qui rehausse notre esprit et notre imagination, au point que nous soyons capables de donner naissance aux plus belles œuvres, inventions et créations. Le temps préservera ces réalisations avec la plus grande attention pour laisser un témoignage à nos descendants ; une aquarelle de notre âme. Il y a tout de même une conception qui ne déroge pas à la règle de l’exception ; c’est l’originalité de quelques-uns d'entre nous à poétiser chaque seconde qui s’échappe de leur temps de vie, qu’elle soit suave, amère, de vie ou de mort ! Mourir ainsi, à petit feu, sans peur, en se délectant de mots qui embellissent chaque seconde qui file (comme j’aimerais tant savoir le faire avec constance) est une aubaine, une mort des plus vivantes ; ceci n’est pas de la persuasion ni de la résignation, et encore moins de l'appréhension, mais tout simplement un témoignage, un hommage rendu à la vie. C’est une conduite des plus honorables pour accepter de s’éteindre l’âme enjouée. Alors ma muse, ne perdons pas un instant aussi court soit-il ! Ce soir à la lumière tamisée des photophores sur ton joli minois, que je perçois au travers de ce rideau diaphane qui dissocie ma réalité de mon imagination, j’aimerais deviner ce sourire éclairé qui sied si bien à tes yeux rieurs. Celui-là même qui donne, sans cesse, à ma plume un nouvel élan ; cette inspiration se retrouve dans l'encre de ces mots que je me plais à écrire :
"JE T'AIME MON TENDRE AMOUR !
Bercé par le son mélodieux de ces mots divins Qui s'entend par-delà les millénaires, J'extrais mon cœur, épris, de ma poitrine Pour qu'il te soit fidèle ad vitam æternam".
Cette farandole de syllabes que tu m'insuffles, Dont je ne me lasse pas, Est une gourmandise que tu offres à l'amant de la vie que je suis. Elle est comme ces allumeurs de réverbères qui, le soir venu, Font naître la lumière qui vous apaise ; C'est ce qui tend vers le fabuleux et l'absolu ! Ce soir, je me sens bien dans la peau du poète qui embellit l'immédiat. Sans toi, mon égérie, cette feuille ne serait qu'un vulgaire brouillon insipide comme l'est mon existence lorsque tu t'éloignes trop longtemps de moi et que tu me laisses seul avec mes angoisses, qui m'interdisent d'apprécier le présent à sa juste valeur ; je deviens alors un de ces anonymes sans vie, perdu, laissant s'évanouir au travers du sablier, à pas feutrés, ces secondes qui font l'histoire d'une destinée.
Mais ce soir, je me sens vraiment très bien, à mes genoux ma muse s'est assise et m'a retracé l'histoire de l'Amour ; celle-ci tient en deux mots : la Vie !
Pour conclure, elle me baisa le front et me disant : "Prends soin de la Vie, c'est vital pour l'Amour ! "
Marco
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