LE LAPIN DE MARCO
Le lapin de mes nuits, rêve d'antan, S'est enfui quand je suis devenu grand. Lui, qui étouffait la flamme de mes angoisses, Qui faisait taire le bruissement, effrayant, des feuillages d'en face, Qui allumait la veilleuse protectrice de ma chambre d'enfant ; S'asseyait, près de moi, en souriant.
La quiétude enfin présente, il prenait son livre de chants Et entonnait une mélodie qui me transportait au-delà du temps. Dans ce monde étrange et surprenant Que sont, parfois, les nuits d'enfants, Il y a toujours une comptine Qui captive ces nuits sibyllines.
Il était le seul à se jouer des événements, A me réconforter et à endiguer mes craintes d'enfant ! Mais, Il a eu peur de mes sautes d'humeur, De mes jeux sans règle et de mes journées sans pleurs. Le lapin de mes nuits, rêves d'antan, S'est enfui en laissant derrière lui, un mur d'effroi triomphant. Aujourd'hui, je me surprends à l'attendre, à le désirer, Pour qu'il balaie mes peurs d'adulte désabusé. Depuis qu'il a quitté mes songes, luit Un rideau d'outre-tombe qui assiège mes nuits.
Lapin ! Reviens ! Tu seras le gardien d'Alice et le mien ! De toi, j'ai besoin ; De toi, je prendrai soin ! Je pense qu'il est parti, parce qu'il a senti que j'avais perdu l'innocence Et la fraîcheur de l'enfance.
Ma déception est apaisée, Car j’ose à penser Qu'il protège un autre "petit Roi", En plein émoi !
Marco
|