NOTRE TERRE
Le bleu du ciel, pour moi, en remontant le temps, Était un bleu parfait, le vrai bleu de l' azur; Et puis il a pâli et, quoi que bleu, pourtant, Il pâlit chaque jour, au fur et à mesure.
La neige s' est salie, son blanc semble moins pur Et son immensité a d' étranges nuances. Même le son du temps, cet étrange murmure, Semble être évaporé lorsque les flocons dansent.
Le champ de blé n' est plus de l' or luisant au vent; Sa houle n' entend plus le chant de l' espérance. Au bord de son chemin où nous allions, avant, Meurt le coquelicot de notre douce France.
Je n' entends plus encore murmurer le ruisseau En train de paresser en courbant les fougères; Il n' ose plus chanter, il subit les assauts D' une nature laissant éclater sa colère.
Où est donc planté l' arbre qui abritera Notre enfant qui, plus tard, en recherchera l' ombre ? Sur quelle herbe ira t' il, lorsqu' il s' allongera, Pour regarder, troublé, un ciel devenu sombre ?
Nous fallait-il vraiment, pour un bonheur facile, Détruire et saccager ce qui nous entourait ? Qui pourrait rétablir l' équilibre fragile D' un sol qui croyait vivre alors qu' il se mourait ?
Écoutez bien ceci, vous dirait La Fontaine : Notre poule aux oeufs d' or a perdu sa santé. Les pauvres et nantis, tous à la même enseigne, Pour garder leur soleil, doivent le mériter.
La terre, de partout, nous laisse son message, Elle agite ses mers et elle crache le feu ! Soyons intelligents, pour apaiser sa rage : Écoutons ce qu' elle dit et faisons ce qu' elle veut .
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