Avez-vous vu passer l'orgueilleux vagabond, Dont les pieds font des pas et la tête des bonds ? Il compose des vers car c’est un vrai poète, Et sous le pont des Arts, aux passants, les répète.
On s'amuse parfois à le faire chanter, Pour un morceau de pain, un flacon de rosé. Alors, les yeux brillants, et avec sa voix prise, Il laisse s'envoler les vers qu'il improvise.
Je m'arrête un instant afin de l'écouter, Cet homme qu'en riant, on a fait se soûler. Maintenant, allongé, reposant sur la grève,
Il poursuit, en dormant, la suite de son rêve. Dors, toi le vagabond. Comme j'envie ton sort ! Tes vers, et non les miens, vivront après ma mort.
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