Voici mon texte en réponse au défi d'Alexis17 :
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Théodore vient de passer vingt années dans une tribu de Papous au cœur de la jungle amazonienne. Afin de communiquer le résultat de ses recherches à ses confrères anthropologues et obtenir enfin la reconnaissance de ses pairs, il décide de reprendre le chemin de sa Belgique natale.
Le taxi de l’aéroport le dépose à l’entrée de son village. Là , Théodore se retrouve face à un grand panneau d’affichage qui annonce « Zone de tests, réservée uniquement aux résidents de Mouscron ». Plus loin, des policiers montent la garde dans une guérite accolée à une barrière imposante. Un peu décontenancé, l’anthropologue s’avance vers les hommes en uniforme. L’un d’eux lui crie :
« Halte ! Votre carte d’identité je vous prie. – J’en ai bien une mais elle est relativement ancienne. Par contre, j’ai mon passeport. »
Le policier ouvre le document et s’attarde sur le nom qui y est inscrit avant de s’écrier :
« Théodore ! C’est toi ? Je ne t’avais pas reconnu. Depuis le temps ! Je suis Nicolas Lejuste. – Nicolas ! Je ne t’avais pas remis non plus ! Il faut dire que cela fait un bail que je suis parti. »
Il raconte alors, de manière succincte, ses aventures dans la nature sauvage, avant d’obtenir un droit de passage. Dans les rues, il croise des segways qui slaloment parmi les voitures électriques, le tout sans un seul bruit de moteur ni échappement de gaz nauséabond. Les façades des maisons sont toutes recouvertes d’une sorte de mousse brune, leur donnant un aspect uniforme. On dirait des habitations en chocolat qu’une vilaine sorcière aurait transformées afin de faire une farce aux habitants.
Il arrive sur la Grand’Place. Chaque devanture de café arbore la même affiche : « Par décision du collège communal du 17/05/2034, il est interdit de servir plus d’une boisson alcoolisée par jour et par habitant majeur. Tout contrevenant ou fraudeur se verra infliger une amende de deux cents bicals.» Juste en-dessous se trouve la traduction en langue de Shakespeare. Plus loin, une librairie fait état d’une autre limitation : « Maximum 25 grammes de tabac par jour et par personne de plus de 30 ans. » et la version anglaise est indiquée juste après également. C’est assez intriguant car, avant le départ de Théodore, c’était le néerlandais qui cohabitait avec le français, langues nationales obligent.
L’attention de Théodore est soudain attirée par un drôle de personnage. Malgré la température assez clémente, une femme affublée de nombreuses couches de vêtements entre dans un magasin à l’enseigne « douche-lavoir ». Elle est suivie de près par une autre qui semble avoir enfilé toute sa garde-robe. L’homme, intrigué par ce drôle de cirque, s’approche de la vitrine et découvre que les clients entrent dans des sortes de grandes cabines de douche pour ressortir quelques minutes plus tard avec un grand sourire. Il interpelle une dame :
« Excusez-moi mais que se passe-t-il dans ces cabines ? – Cela lave aussi bien votre corps que vos vêtements, c’est de plus très agréable.
Elle s’approche de Théodore et le renifle avec dédain avant de déclarer :
– Vous devriez essayer ! »
Et la femme habillée en mode Bonhomme Michelin s’éloigne en se dandinant. En passant dans une rue plus animée, une voix résonne soudainement : «Vous êtes mal garé, veuillez bouger votre véhicule immatriculé BXY 597664 ». La même phrase est énoncée en anglais. Le chauffeur interpellé s’empresse de démarrer et de trouver une place plus loin. Théodore observe les alentours et découvre que des caméras sont postées à chaque coin de rue.
En attendant à un passage pour piéton, un homme se poste juste à côte de lui et se met à parler fort :
« Salut ! Comment vas-tu ? Pas trop crevé ? – Excusez-moi, vous me parlez ? – Quoi ? Non, attends, y’a un mec qui me demande un truc. Qu’est-ce que vous cherchez ? – Rien mais vous m’avez parlé ! – Non, je suis au téléphone. – Mais comment est-ce possible ? Les téléphones sont dans les maisons. – D’où tu viens ? De la planète Mars ? Regarde. »
Le jeune homme désigne un petit morceau de plastique transparent collé sur son nez et sa montre.
« Je ne comprends pas, répond Théodore. – Mon téléphone est dans ma montre et je communique avec le patch. C’est révolutionnaire. On est les premiers à les tester. »
Il traverse d’un pas rapide et reprend la conversation avec son ami. L’anthropologue sonne au 31 de la Rue de la Tapisserie. Une personne étrange vient lui ouvrir la porte en demandant avec une voix métallique :
« Bonjour, annoncez votre identité et le motif de votre visite, je vous prie. – Bonjour, je suis Théodore et ma mère vit normalement ici. – Attendez, je prends mes renseignements. »
L’homme entre dans l’habitation et c’est la Maman de Théodore qui fait son apparition. Grand sourire aux lèvres, elle enlace tendrement son fils chéri.
« Cela fait si longtemps ! Tu ne donnais pas de nouvelles. – C’était compliqué de là où j’étais. – Je sais. Entre ! – Qui est cet homme qui vit avec toi ? – Quel homme ? Je suis seule depuis la mort de ton père. – Celui qui m’a ouvert. – C’est un robot de compagnie. Il m’aide dans les tâches quotidiennes. Comme j’ai plus de septante ans, il m’a été offert par la Ville. – J’ai vu que vous étiez une zone de tests. Des policiers empêchent même l’accès. – Oui, depuis cinq ans. Les chercheurs tentent de trouver le moyen de créer un environnement plus sain grâce aux nouvelles technologies. Si les essais sont concluants, ils étendront cela aux autres communes. »
Théodore s’assied dans le salon pendant que le robot apporte du café et des biscuits. Le scientifique observe avec intérêt cette machine qui a tout l’aspect du vivant, jusqu’aux expressions du visage. Il regarde ensuite sa mère ; elle a évidemment vieilli, semble avoir pris du poids et éprouve quelques difficultés à se mouvoir.
« Robert m’aide aussi à faire les courses. C’est très pratique et je ne suis jamais seule. – Robert ? C’est son nom ? – Oui, je l’ai baptisé ainsi. Comme le chien de ton enfance. Et puis, c’est toujours mieux que XPCT14225 ! – En effet. Tu ne vois plus tes amies du bridge ? – Elles sont presque toutes décédées. Il reste Maria qui est dans une maison de repos. Elle avait aussi un robot de vie. Quand elle a fait cette mauvaise chute, c’est lui qui a appelé l’ambulance. Il lui a sauvé la vie. On communique grâce à l’ordinateur sur Blabla. Et toi ? Raconte-moi tout ! »
Théodore entame le long récit de ses aventures. Tout à coup, Robert apporte une petite boîte avec des pilules et un verre d’eau à la vieille dame qui le remercie.
« Pourquoi prends-tu ces médicaments ? – Cela fait partie des essais. Les personnes âgées doivent prendre un traitement préventif contre l’ostéoporose, les maladies vasculaires et Alzheimer. Les plus jeunes doivent tester des antidépressifs révolutionnaires. – Vous y êtes obligés ? – Nous avons tous signé un contrat avec le groupe international qui mène l’étude. Ceux qui ont refusé ont été contraints de quitter la ville. – C’est effrayant ! – Nous recevons tous une prime mensuelle et le remboursement total de nos soins de santé. Ce n’est pas négligeable à mon âge. – Et tu n’as pas peur que Robert se dérègle ? – Non. Un technicien vient régulièrement le contrôler. Il est programmé pour me protéger et toujours aux petits soins pour moi. Tu sais… ce n’est pas facile d’être seule, loin de son unique enfant. »
Là , la dame aux cheveux blancs se met à pleurer à chaudes larmes. Théodore, mal à l’aise, tente de la consoler. Pendant que sa mère se mouche et finit de se calmer, il se rend aux toilettes. En sortant du coin d’aisance, il se retrouve nez-à -nez avec Robert qui fronce les sourcils. Juste le temps de l’entendre dire « Vous êtes néfaste pour ma maîtresse ! » et il se voit asséner un grand coup de marteau, lui fracassant le crâne.
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