La femme est un être dont il faut se méfier. Je le dis au péril de me voir crucifier. Je le dis parce que j'en ai fait l'expérience Et qu'ainsi, je le dis sans remords de conscience.
En voici le fait. Exemple parfait.
Par un soir de décembre, je parlais avec elle, Elle, c'était Juliette, une âme pure et belle Dont j'étais amoureux. Nous devisions ainsi, Allongés sur le lit - ou je crois même assis. On en vint à parler de mon ami intime, Celui que, pour la rime, je nommerai Maxime.
Juliette me jurait qu'elle abhorrait cet homme Qu'elle le trouvait laid et me disait en somme, Que Dieu l'avait paré de mille et un défauts Dont le moindre n'était celui d'être dévot.
Devant cette injustice, je pris donc la défense De celui qui était un vieil ami d'enfance. On en vint à crier. On en vint presqu'aux mains. On se réconcilia. Mais dès le lendemain Juliette m'ordonna sur un ton sans pitié De renoncer sur l'heure à ma grande amitié. Croyant plus à l'Amour qu'à l'autre passion, Je sacrifiai l'ami, au cœur sans compassion. Ma pauvre affaire, hélas, ne s'arrêta pas là . Un vilain beau matin, Juliette s'en alla.
Je la revis encore une fois seulement. Elle était accrochée au bras de son amant. Et celui avec qui elle commit ce crime Vous l'avez deviné, c'était l'ami Maxime.
Je pardonnai aux deux. Je les pris dans mes bras Puisque dorénavant, ils partageaient leurs draps. Mais au moment précis de prendre mon congé Je posai la question qui m'avait tant rongé : « Juliette, chère enfant, vous me voyez ravi De voir qu'envers l'ami que vous m'avez ravi, Vous ne nourrissez plus de sentiments contraires. - Contraire ! cria-t-elle. Voulez-vous bien vous taire ! - Mais n'avez-vous pas dit combien vous l'abhorriez !? - Comment l'aurais-je pu, puisque je l'adorais !? »
Ce n'est qu'avec le temps que j'appris la leçon Que je veux enseigner de cette autre façon : La Vérité, la femme, après l'avoir bien dite, S'empresse, hélas toujours, de l'oublier bien vite.
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