Une bourrique vieille, et dont la vie sévère Avait, hélas, privée de la joie d’être mère, Voyant sa fin venir, s’adressait au Très Haut Afin qu’il lui donnât un petit bourricot. Mais Dieu ne se souciant qu’elle eût mis bas ou pas, Ni qu’elle allât bientôt faire face au Trépas, Ne lui répondit guère, et malgré ses prières, Ignora l’animal qui se disait entière. L’Hyène étant à deux pas, n’en perdit pas un mot. Adorant la charogne, il ne trouva point sot, Ni ne jugea qu’il pût commettre une bassesse, En proposant la chose à notre vieille ânesse. Celle-ci attendant que Dieu lui répondît, En Son Nom, accepta que l’Hyène la couvrît. C’est ainsi que naquit ce qui naît d’une ânesse, Ce qui naît d’une Hyène, ce qui naît de tristesse. Ce qui naît du désir qui n’est pas assouvi, Ce qui naît du devoir qui n’est pas accompli, Ce qui naît avant terme, ce qui n’est que pustule, D’une matrice vierge en son froid crépuscule.
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