Attente
Allongé dans mon lit, je me prépare. Ça y est, je le sens, je le sais. Ma fin approche à grands pas. Ma tête est lourde, mes tempes pulsent une mesure douloureuse, comme si des marteaux jouaient un concert et que mon cerveau leur servait de batterie.
Mon cœur lutte, peine, résiste pour continuer à remplir son office. Tantôt il s’emballe, tantôt il ralentit, espaçant dangereusement ses battements au risque de ne plus alimenter suffisamment mes cellules en oxygène vital.
Mon estomac se noue et refuse de digérer la nourriture que je lui impose. Il se joue de moi et les nausées soudaines qui montent m’amènent au bord de l’évanouissement. Mes intestins se tordent, expulsant à intervalles réguliers des bouffées nauséabondes, traduisant la putréfaction qui règne en moi.
Mes jambes sont en coton, elles ne me portent plus. D’ailleurs, tels deux morceaux de bois, elles restent désespérément immobiles, sourdes aux injonctions que mon cerveau malade leur envoie. Mes bras sont lourds et mes mains picotent, ils ne sont pas d’une plus grande utilité que mes autres membres.
Qu’ai-je fait pour mériter tant de maux et de douleurs ? Ce corps donné par mes parents a décidé de se la jouer rebelle, sans se préoccuper des mes états d’âme. Je suis prisonnier malgré moi, enchaîné sans avoir commis d’autre crime que de vivre. Faites-moi un procès équitable et vous verrez que je suis innocent !
Je suis donc prêt, la Grande Faucheuse peut se présenter à mon chevet pour m’emporter dans ses bras décharnés. Ah, ces médecins qui se gaussent de moi. Ils nient ma souffrance mais là , ils verront, ils sauront enfin mais trop tard ! Eux qui m’ont collé cette étiquette absurde, la seule qu’ils connaissent lorsque nos maux dépassent leur science si parfaite … celle d’hypochondriaque !
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