Lorsque les Personnages arrivent auprès du comte de Lamoricière, celui-ci discute âprement avec Tristan, Michel et Mahaubert. Il explique qu’une fois que son armée aura laissé Gressac derrière elle, celle-ci devra se mettre à avancer un peu plus vite que jusqu'à maintenant. Il est impératif, dit t’il, qu’elle évite les restes du régiment venu de Villemur, dont les hommes pullulent toujours tout autour d’ici. Il faut, continue t’il, qu’au cours de la prochaine nuit, elle ait atteint Villemur sans s’en être fait remarquer. Une fois à Villemur, son armée fera halte dans les environs du bourg pendant une durée de vingt-quatre heures. Car, renchérit t’il, il doit y effectuer une mission importante en compagnie de Mahaubert. Aussitôt, Tristan et Michel protestent. Ils s’élèvent contre cette initiative dont ils ne comprennent pas l’objectif. Ils demandent au comte pour quelle raison il désire s’aventurer aux abords de Villemur avec son armée ; et encore plus, pour quelle raison il souhaite effectuer une incursion au cœur de ce village avec Mahaubert. Le comte réplique immédiatement qu’il s’agit d’affaires strictement personnelles qui n’ont rien a voir avec leur expédition en direction de Toulouse ou la Fronde. Et qu’il ne souhaite pas discuter de ce sujet avec eux ; que, de toute façon, sa décision est déjà prise et qu’il ne changera pas d’avis. Tristan renchérit malgré tout en disant qu’au contraire, il serait plus sage d’éviter Villemur. Car, d’après les renseignements qu’il a obtenu par les espions qu’il y a envoyé deux jours plus tôt, celui-ci est désormais un bourg particulièrement fortifié ; il est par ailleurs entièrement acquis aux parti Catholique et aux amis de Mazarin et d’Anne d’Autriche. D’après ceux-ci également, c’est a cet endroit que se sont rassemblés la plus grande partie des hommes qui ont composé les régiments de Monseigneur de Beaujeu après leur défaite devant Montauban. Et il serait plus adéquat de ne pas venir les narguer sur un territoire acquis à leur cause. Les Personnages peuvent éventuellement intervenir dans la conversation afin de raisonner le comte de Lamoricière. Mais celui-ci ne veut rien entendre. Il souhaite passer par Villemur afin de s’occuper des choses qu’il doit y régler, et tout ce que ses conseillers peuvent lui dire n’y changera rien. En prononçant ces mots, il jette d’ailleurs un coup d’œil appuyé en direction des héros. Il leur envoie un message mental leur expliquant que ce qu’il doit y faire les concerne aussi ; de même que les Cubes qu’ils protègent pour lui. Cela concerne enfin leur expédition future dans les profondeurs de Toulouse à partir de la Cathédrale Saint-Séverin. Il souhaite en outre, renchérit t’il, à haute voix cette fois-ci, que les Personnages l’accompagnent à Villemur. Car il veut leur faire rencontrer le contact qui l’y attend. Il s’agit de Robert de Got, l’un de ses amis Vampire qui appartient à la même Confrérie que lui. Il a été dépêché par cette dernière auprès de lui, pour l’assister durant la suite de son voyage jusqu'à Toulouse, puis, dans les profondeurs de cette cité. Il ne faut pas oublier que les compagnons Vampires des Héros qu’ils ont rencontré à Moissac aux Puys sont morts les uns après les autres durant le trajet qui les a menés jusqu'à sa chère ville de Montauban. Et, comme ils se retrouvent livrés à eux mêmes en possession des Clefs conduisant au cœur des catacombes de Toulouse, ceux-ci ont besoin de lui pour mener à leur terme la suite des événements. Evidemment, les Personnages profitent certainement de l’occasion pour demander de plus amples explications au sujet des Cubes et des Mystères qui les entourent, au comte de Lamoricière. Le comte répond alors qu’ils auront toutes les réponses qu’ils désirent lorsqu’ils rencontreront Robert de Got en sa compagnie ; et de Mahaubert. Il avoue d’ailleurs que lui même ne sait pas grand-chose concernant ces Cubes. Tout ce qu’il a appris au cours de ses recherches à Montauban, était écrit dans de vieux manuscrit qu’il s’est procuré durant de nombreuses années d’investigations. C’est à l’initiative de sa Confrérie, qui est à leur recherche depuis longtemps, et aidé de plusieurs des Membres de la Race – des Vampires, pour l’exprimer autrement – qu’il a fini par apprendre qu’ils sont liés à un « Objet ». Cet Objet se trouvait autrefois au sein des joyaux, des pièces d’or, des manuscrits, etc., qui composaient le Trésor de l’Oracle de Delphes. Cet Objet était rattaché aux origines de la Race Vampirique, semble t’il, sans qu’il n’ait jamais réussi à découvrir de quelle manière et pour quelle raison. Or, poursuit t’il, il faut savoir qu’une partie de ce Trésor, après de nombreuses péripéties et être passé par le Temple de Salomon à Jérusalem, par Rome, a atterri entre les mains d’Alaric lorsque ce dernier a mis la Ville Eternelle à sac. Et, il l’a emmené jusque dans la région de Toulouse, où il l’y a dissimulé quelque part à l’intérieur d’un ancien Temple dédié à Apollon. C’est à ce moment là qu’une Secte Vampirique nommée « la Confrérie de l’Oracle Millénaire », constituée de puissants Vampires, est devenue la Gardienne du Trésor ; c’était au Vème siècle de notre Ere, à l’époque où l’Empire Romain s’est totalement effondré sur lui même, et où les Invasions Barbares de l’Europe – et de la Gaule plus particulièrement – ont débuté. Car, il ne faut pas oublier, insiste t’il, que cette période troublée a vu de nombreux envahisseurs se déverser sur cette région de la Gaule : Wisigoths d’Alaric, Francs, Sarrasins, etc., jusqu'à ce qu’elle ne passe définitivement sous le contrôle des Mérovingiens au VIIIème siècle. Les membres de la Confrérie de l’Oracle Millénaire ont donc fait en sorte de protéger le Trésor dissimulé au cœur du Temple d’Apollon tout le long de cette période mouvementée. Et, à un moment donné, alors qu’ils étaient sur le point d’abandonner Toulouse afin de se mettre à l’abri de l’avancée d’armées ennemies, ils n’ont trouvé qu’un moyen pour protéger l’Objet. Il semble qu’ils aient créé des sortes de cadenas à la fois magiques et maudits, rendant ainsi celui-ci inaccessible à quiconque, être humain, ou membre de la Race. Il s’agissait également de sortes de Clefs permettant d’accéder au lieu où l’Objet avait été dissimulé ; les fameux Cubes donc. Le comte de Lamoricière explique encore que ce n’est que beaucoup plus tard que des membres de cette Confrérie sont revenus à Toulouse. Mais, entretemps, le site sur lequel avait été autrefois édifié le Temple d’Apollon, avait été totalement bouleversé. D’autre part, le contexte politique et social de la ville ou de sa région ne leur a pas permis d’entamer les investigations nécessaires afin de redécouvrir son emplacement exact, ainsi que les ruines qui y subsistaient peut-être. Et, malgré toutes leurs tentatives, ils n’ont jamais pu redescendre à l’intérieur des catacombes enterrées depuis des centaines d’années sous les vestiges du bâtiment. Le comte de Lamoricière explique encore que ce qu’il vient de dire aux Personnages ne sont, pour la plus grande partie, que des suppositions ou des fragments de théories. Ce sont ses amis de Bordeaux – les membres de la Secte à laquelle il appartient et – et lui-même, qui les ont élaboré depuis qu’ils ont entrepris de récupérer l’Objet. La seule certitude qu’il a, pour sa part, c’est que les Cubes sont les Clefs qui y mènent ; c’est aussi qu’après leur dernière tentative au XIIIème siècle, les membres de la Confrérie de l’Oracle Millénaire ont soudainement disparu sans laisser de traces ; et qu’ils n’ont plus jamais refait parler d’eux. Et que c’est par hasard que ses amis de Bordeaux ont réentendu parler des Cubes, et qu’ils sont parvenu à les récupérer à l’issue de multiples péripéties, il y a quelques temps. Jusqu'à ce que les compagnons de Mahaubert et des Héros ne les leur subtilise pour le compte d’autres Sectes Vampiriques établies à Paris ou ailleurs. Si les Personnages essayent de profiter de cette occasion afin, justement , d’en apprendre, davantage à ce sujet, le comte de Lamoricière ne veut pas en révéler davantage. S’ils insistent concernant ces autres Sectes qui, par l’intermédiaire de Mahaubert, et de ses compagnons maintenant décédés, ou du Vampire au masque de diable rouge, tentent de récupérer les Cubes, il fuira leurs interrogations en déclarant qu’ils en sauront plus lorsqu’ils auront rejoint Robert de Got ; qu’à ce moment là , Mahaubert sera bien obligé de s’expliquer sur ses intentions, ainsi que sur celles de ses camarades Vampires défunts, concernant les Cubes. Mais, il ne veut rien avouer de plus. Cet échange entre le comte de Lamoricière et les Personnages, en présence des lieutenants de ce dernier, dure environ deux heures. Mahaubert, qui est également présent, pâlit lorsque les Héros abordent les questionnements qu’ils lancent en direction du commandant de l’armée Frondeuse. Il a le visage tendu, est pris de tics nerveux. Quand les Personnages tournent leurs regards vers lui en espérant que celui-ci va profiter de la conversation pour se mettre à parler, ils se rendent compte qu’il a mis une barrière mentale d’une puissance inhabituelle autour de ses pensées ; et ils ont beau tenter de la traverser, ils n’y parviennent pas. De fait, l’aube se dessine au loin dans le Ciel, et les Héros sont maintenant sur le point d’aller se coucher dans les chariots qui leur ont été attribué. Ils sortent dès lors de la maisonnée servant de quartier général au comte de Lamoricière. Ils parcourent les quelques mètres qui les séparent de l’entrée de la ruelle adjacente à celle dans laquelle ils déambulent actuellement. Ils s’apprêtent à bifurquer, lorsqu’ils aperçoivent Tristan se diriger vers l’entrée de Gressac. Celui-ci s’approche de l’une des nombreuses barricades éventrée qui s’y discerne. Il s’approche de l’une des habitations qui les bordent ; elle est à moitié incendiée et, si ce n’est ses murs et une partie de son toit, il n’en reste plus grand-chose. Devant elle, se tient un homme à cheval qui attend, et qui, entendant les bruits de pas de Tristan, se retourne brusquement, l’arme à la main. Mais lorsqu’il se rend compte qu’il s’agit de Tristan, il range son arme, se détend, et descend de sa monture pour le rejoindre au milieu de la ruelle.
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