Et c'est en gambadant, la pensée guillerette Que Bacchus, aujourd'hui, a fêté le printemps. Primesautier, joyeux comme pour ses vingt ans, Il fit un beau bouquet de fraîches pâquerettes.
Il a mis, ce matin, son petit col marin Qu'il ne revêt, d'ailleurs, que pour la circonstance. Et la muse des champs, cédant à ses avances, Le fit flotter au vent dans le matin serein.
Il alla butiner, tout comme un papillon, Dans les frais ruisselets jaillissant des collines. Les elfes et les fées, de leurs voix si câlines, L'aidèrent à pousser un petit roupillon.
La sylve aux doux bourgeons abrita son repos. Les oiseaux, affolés par cette pétarade, Durent s'égosiller pour placer leur aubade, En suivant, étonnés, cet étrange tempo.
Bacchus est revenu, quelque peu embourbé; On ne se roule pas impunément dans l'herbe Sans risquer d'y laisser un peu de sa superbe, Entouré de bovins aux tripes perturbées...
Allons. Il faut savoir tout prendre du printemps Et ne pas ronchonner quand l'hirondelle passe, Mais s'essuyer gaiement pour effacer ses traces; Nul ne peut, c'est connu, s'en écarter à temps.
Bacchus rentra chez lui, presque méconnaissable, Ses fleurettes, flétries par ses nombreuses chutes. La nature vaincue, gagnée de haute lutte, Met, cette année encor, un bouquet sur sa table .
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