Republication pour le nouvel arrivant Agtod Soirée d' Afrique
Feulements et cris d'oiseaux, Percent l'Air mauve qui tremble. Le ciel à L'arc en ciel ressemble Où descend, Glisse, l'astre orange. Son baiser sur les toits de paille, Et doucement, Les briques de terre s'enflamment. Le chant criard des femmes S'approche, puis s'éloigne Par leur marche cadencée. Sur la pauvre terre brune, Herbier de brousse brûlée, Qui trop souvent fume, Par l'ennemi sahélien menacée.
La hutte ronde, douce matrice Est Coiffée de sa huppe malice Les hauts et droits papayers, Brun, ocre, Rouge et or, Vermeil, encens, jaune orangé, ambré, Terre de sienne, Des bleus au violet, Sous le camaïeu de rose, Wusalan, Fragrances de délices, Savon noir sur les peaux des belles, Jasmin, passiflore et épices, Pour toutes celles Dont les attraits vont luire. Et comme une came, Rendront fou de désir. Huiles et feuilles de palme Pour séduire, Essences de beauté, Pour s'enduire et jouir Musc, parfum sucré, Et la noix de karité.
Derrière le manioc, les gombos Les plants de crônes, et d'ignames, Fleurissent les fleurs blanches Des caféiers Si parfumés, Qu'ils violonent nos âmes. Entre les généreux bananiers, Hibiscus, bougainvilliers, Tous splendides. Et sur le sol en tranche, Mousse à l'odeur fétide, Une tâche de chair orangée, Comme une revanche, De la papaye oubliée. Le flamboyant écarlate Sur la brousse est incendie, Divine fleur du paradis. Abrite l'oiseau d' agate. L'arbre immense, Magique merveille, Protecteur, arrondi ses branches Et pleure en nuées légères, Ses pétales de sang vermeil. Incarnat de verre, Jonchent le sol et s'épanchent.
Dans la sérénité du soir, La brousse s'apaise au loin Avant que ne vienne le noir. Ils sont tous assemblés avec soin. Les corps musclés, et glabres, Les cheveux teints, Tous sont, sous l'arbre à palabres, Le griot prépare demain. Le grand balanzan les accueille Sous le toit de feuilles, Où l'ancien de son pouvoir Passe le témoin. Son corps parcheminé, Porte les traces bleutées De sa caste de Diatigui. Sur sa peau fripée, Que le temps n'a pas alanguie, Les encres du tatouage, Témoignent de sa valeur, De son âge.. Assis devant les bras en rayons De l'arbre du voyageur Qui derrière, lui fait le don D'un trône de feuillage, Et le couronne de ses palmes Qui frémissent et l'entourent, D'honneur et de calme.
Tous font cercle autour de lui, De sa silhouette royale, L'ancien porte, sa caste, sa vie, Il est nyamakala Il est descendant de Sundjata keita. Il tient le fil d'hier, Droit, sans orgueil, juste fier. De demain Il prépare le savoir, Sous l'arbre ami chaque soir. Il tient le chant, la musique, la parole, Le louangeur tient planté dans le sol. Dans son four de glaise Le feu qui éclaire et s'apaise. Anime les visages bruns. Sur l'horizon assombri Se découpe magistrale La silhouette noircie Du grand Baobab béni. Le Dieu fatal Garde à son pied, ensevelis Les crânes des griots, Des Djélis.
Loriane Lydia Maleville.
Écrit le 4/8/1999 1er prix en 2001 et 2005 publication sur L'ORée 30 /8/ 2013
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